Publié le Mercredi 16 avril 2014 à 21h23.

On continue !

Valls, c’est Ayrault... en pire ! Mais il y a aujourd’hui une différence de taille. Pendant des mois, face à Ayrault, les manifestations de la droite la plus réactionnaire ont occupé la rue alors que, contre Valls, la première mobilisation d’ampleur est une manifestation de l’opposition de gauche.

Toujours plus loin... à droite !On croyait avoir touché le fond libéral avec les vœux de Hollande, mais Valls, dont on n’attendait pourtant rien de bon, réussit à faire plus fort, plus vite, plus à droite ! Sans surprise, il ne retire rien au plan d’austérité de cinquante milliards. Le gouvernement Valls accélère et amplifie les cadeaux faits aux entreprises. Aux trente milliards d’euros d’allègements fiscaux et sociaux déjà promis, via le prolongement du crédit d'impôt compétitivité (CICE), et aux dix milliards d’allègement de cotisations patronales, il ajoute généreusement au moins six milliards de baisses et suppressions d’impôts sur les entreprises. Il approfondit et encourage la baisse des salaires. En supprimant toutes les cotisations sociales qui devraient être payées par les patrons pour les salariéEs au Smic, en les réduisant encore jusqu’à 1,6 Smic, en supprimant  l’essentiel des cotisations famille pour la quasi totalité des salaires, il s’en prend farouchement au salaire socialisé. Il construit une véritable machine à fabriquer des travailleurs – et plus encore des travailleuses – pauvres, et en plus il arnaque les salariéEs en faisant passer la baisse des cotisations salariales pour une augmentation de salaire. Il aggrave ainsi la destruction de la protection sociale. Non content de poursuivre l’exécution des plans de mise à mort de la Sécu, il reprend à son compte le dénigrement des cotisations sociales.

Enfin dans la rue !Le personnage politique martial et libéral décomplexé de l’ex-ministre de l’Intérieur, les résultats des municipales et l’effet d’accumulation des mesures prises par le PS depuis deux ans, ont créé une situation nouvelle. Lors des élections municipales, le gouvernement a été massivement rejeté mais c’est la droite qui rafle la mise et l’extrême droite qui gagne du terrain. À l’Assemblée nationale, malgré les coups de menton de députés socialistes et Verts, Valls obtient largement le vote de confiance. Une conclusion s’impose : c’est dans la rue que ça doit se passer, par la mobilisation, par le rapport de forces. Non seulement ce gouvernement n’est pas le notre, mais ce système ne nous représente pas, ne représente pas les 99 %, celles et ceux qui font les frais des politiques d’austérité. Cette prise de conscience a sans doute été un facteur important du succès de la manifestation du samedi 12 avril. Les dizaines de milliers de manifestantEs étaient contents et fiers d’être enfin dans la rue, ensemble !

L’opposition de gauche se construitLa proposition d’un jour de révolte de gauche, faite par le NPA début février, a d’abord reçu l’assentiment du Parti de gauche, puis de l’ensemble du Front de gauche. Devenue unitaire, elle a pu se construire comme une perspective commune à des secteurs militants associatifs, syndicaux, en lutte... qui s’en sont emparés. Dans le mouvement syndical, en particulier dans la CGT, elle a suscité un débat salutaire sur la stratégie face au gouvernement. La manifestation de samedi était donc une première étape prometteuse, mais encore limitée, sans doute faute de temps, à des militantEs des forces politiques à la gauche de la majorité gouvernementale, du mouvement social et syndical. Certains secteurs mobilisés étaient présents – intermittents, étudiants, postiers, sans-papiers, Sanofi... – mais en nombre encore trop limité. Le succès donne envie de continuer. Le travail reste à faire pour construire ensemble, dans l’unité, dans les villes, les quartiers, les entreprises et les lieux d’étude, la convergence des luttes capable de donner voix et visibilité à la révolte, capable d’être au rendez-vous pour combattre le Pacte de responsabilité. Le succès donne aussi une responsabilité aux forces politiques qui se situent en opposition à ce gouvernement : celle de se rassembler, y compris au moment des élections européennes. C’est le sens de la lettre que nous avons adressée à Lutte ouvrière et aux organisations du Front de gauche. Ce n’est qu’un début...

Christine Poupin