Le NPA ne participe pas à la coalition de la NUPES, en raison des concessions trop importantes qui y ont été faites au PS et au social-libéralisme. Notre position semble largement comprise, il reste à la transformer en activité militante.
Nous nous étions engagéEs dans les discussions avec l’Union populaire en raison de l’analyse de la période, avec une polarisation entre, d’une part, un bloc d’extrême droite et, d’autre part, un bloc autour de Mélenchon, qui représente une reconstruction de la conscience de classe, avec en outre un troisième bloc, en équilibre instable, autour de Macron et ses politiques ultralibérales et autoritaires. La faiblesse des scores de l’extrême gauche incarne l’impossibilité actuelle de regrouper une fraction importante des masses autour des idées anticapitalistes et révolutionnaires.
Ces résultats électoraux sont la transcription déformée du fait que les luttes sont fragmentées, défensives, souvent défaites, et que les masses cherchent à s’homogénéiser, à reconstruire un cadre pour se défendre, avant de penser aux stratégies de rupture avec le capitalisme. La contestation des politiques libérales se fait aujourd’hui par des processus électoraux, peu dans les luttes et encore moins en suivant les révolutionnaires. Nous n’avons pas d’autre choix que d’accompagner ce mouvement : nous lier à cette reconstruction de la conscience, la construire sincèrement, tout en gardant notre stratégie révolutionnaire et notre organisation indépendante.
Nous avons donc souhaité tomber d’accord sur un programme minimum, correspondant à une rupture avec les politiques pro-capitalistes actuelles. Le programme de NUPES avance des mots d’ordre qui représenterait un pas en avant pour le SMIC, les retraites, l’écologie, les droits des femmes, la répression policière, etc. Même s’il conserve des limites importantes, comme la faible augmentation du SMIC proposée, ou le flou entretenu sur le rapport au capital, avec une absence même de projets de nationalisations, sans parler de réquisitions.
L’UP a choisi le PS au détriment du NPA
Hélas, les négociations ont échoué. Au départ, le PS devait être écarté. Il a finalement été intégré, et la part programmatique et en termes de circonscriptions donnée au PS et aux Verts change la nature du projet initial.
Lorsque la direction de l’UP nous proposait « un projet majoritaire », elle ne signifiait pas se battre pour obtenir la majorité à l’Assemblée, mais rassembler toutes les forces consentant à se ranger derrière Jean-Luc Mélenchon, y compris le PS avec, dans ses bagages, des candidatures libérales comme Villani, Lambert ou Julien-Laferrière.
La volonté d’être majoritaire à tout prix, la force des institutions de la 5e République et le rapport de forces dégradé poussent à des compromis, à se lier à des forces connectées au capitalisme.
Cependant, en 1936 en Espagne et en France, les forces de gauche étaient également liées au capital et n’envisageaient qu’un accompagnement social de la crise du système. Mais les masses se sont saisies de la victoire électorale pour se soulever.
De plus, le processus de recomposition de la gauche est plus que jamais en cours, avec des ruptures au sein du PS, mais aussi des clarifications qui s’opèrent pour de nombreuses et nombreux militantEs qui ont par exemple dénoncé la belle part faite au PS au détriment du NPA ou des collectifs de quartiers populaires comme « On s’en mêle ».
Nous devons donc continuer à accompagner le processus de façon militante : pour permettre une défaite de l’extrême droite et de Macron dans les prochaines élections, permettre si possible la victoire d’une gauche en rupture incomplète mais réelle avec les politiques menées par Jospin et Hollande, et encourager les luttes sociales.
Militer sur une même orientation malgré des pratiques différentes
L’enjeu est maintenant pour nous de réussir à organiser de façon militante notre positionnement. Cela se fait par trois axes.
Le premier est la participation sincère et active aux candidatures qui relèvent d’une gauche de rupture. Ainsi, à Paris 20e, le NPA participe à la campagne de Danièle Simonnet, aux assemblées générales de la campagne (la première a regroupé lundi 9 mai une centaine de personnes tout de même), au porte à porte, aux diffusions de tracts, pour gagner. Cela peut être le cas dans de nombreuses circonscriptions.
Le deuxième axe est la construction de candidatures alternatives aux candidatures social-libérales intégrées dans la NUPES. Ainsi, à Lyon où se présente Julien-Lafferrière ou en Charente Jérôme Lambert, il semble évident que la gauche de rupture ne pourra pas être incarnée par ces candidatures et il est possible et nécessaire que d’autres candidatures émergent, autour du NPA ou avec d’autres collectifs militants prêts à défendre un programme anticapitaliste conséquent. En règle générale, en alternative à ce type de candidatures, nous cherchons à regrouper. C’est là où un espace politique réel existe.
Le troisième axe est commun : nous souhaitons nouer des liens avec les forces, dans la NUPES ou en dehors, qui estiment que le changement réel se fera par les mobilisations et qui perçoivent les processus d’intégration à l’appareil d’État qui sont déjà en cours dans le NUPES. Nous devons être là pour montrer une autre voie, de rupture avec le capitalisme. Mais pour cela, il faut non pas être à l’extérieur de ce mouvement, ou – pire – se prononcer de façon sectaire contre celui-ci mais, sans remiser nos critiques, au côté de celles et ceux qui y voient un espoir pour faire face à l’extrême droite et à Macron, et pour changer le monde.