Publié le Lundi 12 novembre 2012 à 16h27.

Edito « La nuque raide »…

Jean-Marc Ayrault aurait pu être un Premier ministre satisfait. Le congrès du PS avait fait bloc derrière lui. Les qualificatifs élogieux avaient résonné comme autant d’appels à la discipline des godillots pour les inviter à faire front face à la tempête… Lui-même avait essayé de convaincre : « La France va mal. Les Français souffrent et doutent », défendant la « mobilisation des forces du pays » et le « dialogue social ». « Non seulement j’assume, mais je revendique cette méthode », chemin vers « un nouveau modèle français ». « Ne tremblons pas un instant [...] nous devons tenir bon » ! Et patatras, le congrès à peine terminé, un nouveau couac du Premier ministre lui-même qui se dit « sans tabou » sur la question du retour aux 39 heures, que ses propres amis désavouent aussitôt… Déclaration provocatrice il est vrai au moment même où son gouvernement, après avoir fait voter le TSCG et la règle d’or de l’austérité, s’engage dans une nouvelle offensive pour « faire baisser le coût du travail ».Dans la foulée, Hollande faisait des courbettes devant Netanyahu, affichant un mépris des droits du peuple palestinien auquel même Sarkozy ne s’était pas laissé aller. Puis il partait saluer avec courtoisie le roi-dictateur Abdallah en Arabie saoudite. Et, au même moment, la police française livrait Aurore Martin à la police de l’État espagnol. Une atteinte aux libertés les plus élémentaires, sous ordre de Valls qui, pitoyablement et contre toute évidence, nie sa responsabilité. Là encore, mieux que Sarkozy et Guéant !Le bilan est là : en un mois, les cotes de confiance de Hollande et Ayrault ont chuté de 5 % et de 7 %. Seulement 36 % font confiance au chef de l’État, 34 % au Premier ministre. Seuls Chirac et Juppé avait connu, en 1995, une telle chute de popularité.« Gardons la nuque raide ! » avait lancé Martine Aubry à l’adresse du congrès du PS ! Et fermons les yeux aurait-elle dû rajouter. Le PS s’est rangé derrière le gouvernement et se discrédite tout autant, à une vitesse directement proportionnelle aux pouvoirs qu’il détient dans ce pays. Le monde du travail n’attend rien d’eux. Il lui faut prendre confiance en ses propres forces, en sa capacité à agir comme une opposition à ce gouvernement offensif contre lui et empressé vis-à-vis du patronat couard, vis-à-vis des forces réactionnaires.Yvan Lemaitre