La campagne pour les élections européennes est lancée, donnant lieu à un concours de démagogie entre le PS et l’UMP affolés devant l’abstention, le rejet de leur politique. Un concours que le FN est en train de gagner haut la main.
Le PS a bien du mal à convaincre que voter pour lui ce sera « choisir l’Europe », pour une « Europe qui protège », ou à être crédible quand il fustige « l’austérité ». Cambadélis est pour le moins ridicule quand il déclare que « les critères de 3 % ne peuvent être appliqués dans la crise que nous vivons. Il faut d’autres règles d’après-crise »... au moment même où son gouvernement impose de façon drastique une cure d’austérité en invoquant ces 3 % ! Et comment le croire aussi quand il tente d’expliquer que si la gauche est majoritaire, elle aura « plus de marge de manœuvre. [...]Alors, tout le climat politique changera et, dans la foulée, le climat politique français ». Et cela d’autant que Martin Shultz, le chef de file des listes PS, est président du Parlement européen, candidat de la gauche européenne à la présidence de la Commission... et fervent défenseur des 3 %. Lui aussi est bien peu crédible quand il prétend s’attaquer « à la spirale mortelle de l’austérité ».
L’UMP court derrière le FNLa fronde au sein de l’UMP contre Alain Lamassoure, tête de liste en Île-de-France – fronde dirigée par Guaino et Wauquiez qui prétendent revenir à une Europe des six – est symptomatique de la crise qui traverse la droite menacée d’être dépassée par le FN. Si, bon an mal an, Copé a réussi à ressouder les rangs, c’est en leur cédant pour venir sur le terrain du FN. Se faisant le champion d’une Europe des nations, il part en guerre contre l’immigration. En évitant de dénoncer trop brutalement le « pacte sur l’immigration et l’asile » adopté il y a six ans par l’Union européenne présidée par Sarkozy, il fait de son application la cible de ses attaques et propose que la France se retire des accords de Schengen si des « progrès sérieux » dans son application ne sont pas intervenus « dans les 12 mois ». Cette démagogie qui fait des immigrés des boucs émissaires contribue à renforcer le FN qui défend le retour aux contrôles aux frontières, la sortie de l’euro et le retour au franc...
Ne pas céder un pouce au FN« Lorsqu’il propose de sortir de l’euro, le FN propose une catastrophe économique, une guerre des monnaies », dénonce Trautmann (PS) contre Philippot au cours d’un débat dans la circonscription Est. Certes, mais cela ne rend pas la politique menée par le PS, dans la continuité de l’UMP, plus acceptable ni ne masque son échec. Le repli national défendu par le FN est une réponse du point de vue des classes dominantes à la crise de l’Europe de Maastricht et de Lisbonne menacée d’effondrement. La réponse aux drames sociaux, humains qu’engendrent la politique des gouvernements, de droite ou de gauche, alliés à la troïka et soumis aux multinationales et aux banques, n’est ni dans la démagogie de ceux qui voudraient nous (re)vendre l’Europe capitaliste ni dans les mensonges de ceux qui voudraient nous faire croire qu’il suffirait de rompre avec l’Europe pour que tout aille mieux. Les uns et les autres nous prennent pour des gogos. S’abstenir comme s’apprêtent à le faire une large majorité d’électeurs est une façon de leur tourner le dos mais elle leur laisse le terrain. Elle laisse le terrain à nos pires ennemis, ceux qui rêvent d’enfermer les travailleurs dans la prison des frontières pour mieux les soumettre aux patrons.
Agir ensemble pour tout changerLe bulletin de vote peut permettre de dire clairement aux politiciens professionnels que nous ne sommes pas dupes et que nous ne nous laisserons pas faire. C’est pourquoi, malgré les obstacles financiers qui limitent notre campagne, le NPA présente des listes dans cinq circonscriptions, des listes intitulées : « Pour une Europe des travailleurEs et des peuples, envoyons Valser l’austérité et le gouvernement ! » Elles seront conduites par Olivier Besancenot dans l’Île-de-France, Christine Poupin dans le Nord-Ouest, Philippe Poutou dans le Sud-Ouest, Gaël Diaferia dans l’Est et Pierre Le Ménahès dans l’Ouest. Un mois pour faire campagne. Une campagne modeste mais une campagne importante pour donner de la crédibilité à la seule perspective qui existe pour le monde du travail, la jeunesse : leur propre intervention, par delà les frontières, sur le terrain où se joue leur sort, celui de la lutte politique.
Yvan Lemaitre