Le petit théâtre macronien continue sur sa lancée et, de temps en temps, une marionnette dégage ou change de personnage. Griveaux est le dernier en date. Même si les procédés qui ont abouti à son départ sont condamnables, il n’est pas question de se joindre au chœur des pleureurs et des pleureuses. Griveaux était passé du PS (tendance Strauss-Kahn) à Macron, et était devenu un des plus zélés porte-parole du candidat puis du président. Son zèle pour défendre l’Élysée dans l’affaire Benalla et son énergie pour dégommer ses rivaux lui avaient valu d’être désigné comme candidat du parti présidentiel à la mairie de Paris et le « boss » était intervenu lui-même pour faire pression sur Villani afin qu’il renonce.
Buzyn a donc pris le relais. On ne saurait mieux montrer le mépris de la bande à Macron pour les problèmes de la population. L’hôpital public est en crise et les personnels hospitaliers sont en grève depuis des mois. L’épidémie liée au coronavirus est susceptible de rebondissements. Et c’est à ce moment que l’on exfiltre la ministre de la Santé (qui suit également le dossier des retraites) pour qu’elle aille pallier les conséquences des turpitudes de Griveaux.
Et arrive un autre macronien de choc au ministère de la Santé, Olivier Véran. Lui aussi d’ailleurs vient du PS. Et dès le premier jour, il annonce sans rire le lancement d’une « enquête nationale » qui concernerait l’ensemble des hospitalierEs pour « tenter de saisir en détail le sens de leur engagement auprès du public et les raisons du mal-être qu’ils nous disent depuis un certain nombre d’années désormais ». Il lui suffirait pourtant de lire et d’écouter ce que disent les personnels en lutte !
Tous ces personnages illustrent, à la fois, le mépris du pouvoir pour ce qui n’appartient pas au cercle restreint du patronat et des très hauts fonctionnaires, et sa fragilité. Macron se sait minoritaire alors, pour détourner l’attention, quoi de mieux qu’une petite tournée en régions avec un nouveau discours sur le « communautarisme », le« séparatisme musulman » ? Alors que le séparatisme essentiel dans ce pays est celui des riches dont Macron est la créature. Alors que, notamment à la RATP, les agents, quelle que soit la couleur de leur peau ou leur religion, se battent ensemble sur les mêmes revendications.
Pour déjouer ces manœuvres, pour mettre fin à ce spectacle pitoyable, il va falloir pousser fort et d’abord faire ravaler à ce pouvoir sa réforme des retraites. Mais la victoire reste possible dans le nouveau round qui s’annonce.