Yvan Zimmermann, anticapitaliste
« Des délégués du personnel »
Ouvrier dans l'industrie automobile, Yvan Zimmermann conduit la liste du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) qui voit dans ces élections régionales une caisse de résonance aux problèmes nationaux, des retraites aux salaires en passant par le chômage.
- DNA: Votre candidature ne vous fait-elle pas craindre un éparpillement des voix à gauche ?
- Yvan Zimmermann: Ceci est un argument du PS. Nous ne raisonnons pas en termes de droite-gauche mais de politique libérale et de politique anticapitaliste. Les mots de gauche et de droite sont galvaudés. La gauche ne veut plus dire grand chose. Nous sommes les seuls à proposer une candidature clairement antilibérale et à dire que seul le mouvement social peut changer les choses. L'Alsace est la seule région avec la Corse à être à droite et je ne vois aucune différence... Les gens sont autant touchés dans les autres régions qu'ici. J'aimerais bien pouvoir dire que c'est pire en Alsace !
- Lutte Ouvrière n'est plus à gauche ?
- Nous les avons contactés, mais ils ne nous ont pas répondu. C'est dommage de ne pas travailler ensemble.
- En quoi votre candidature à la Région peut-elle changer le capitalisme ?
- Les élections sont un moyen d'être écoutés et de propager nos idées. Nos élus seront au service du mouvement social. Ils relayeront les revendications et les soucis de la population au sein du conseil régional. Nous serons les délégués du personnel de nos concitoyens. »
- Est-ce à dire que vous vous inscrivez dans la perspective de cogérer une collectivité ?
- Non, nous ne nous projetons pas dans la gestion de la Région parce que cela signifie n'appliquer que les décisions de la majorité. Mais la Région peut donner l'exemple en augmentant les salaires des agents, en embauchant les stagiaires et les contractuels, et en fixant le salaire minimum à 1 500 €.
« L'argent ne doit aller qu'aux services publics »
Nous ferons aussi pression pour qu'il n'y ait plus de subventions aux entreprises privées ; l'argent ne doit aller qu'aux services publics. Nous demanderons des comptes aux entreprises qui ont déjà bénéficié de ces aides. Les élus ne conserveront pas la totalité de leur indemnité, une partie sera reversée au mouvement social. »
- Vous déclinez donc un programme national au niveau régional ?
- Oui. Chaque élection doit servir de caisse de résonance aux grands problèmes nationaux. Notre vision reste globale quelle que soit l'élection. Une Région ou un Département ne vit pas dans sa bulle. Nous voulons interdire les licenciements, revenir aux 37,5 ans de cotisation et un départ à 60 ans en retraite, et stopper les exonérations patronales qui bénéficient aux grandes entreprises. Tout changer, rien lâcher sur les acquis, voire les améliorer avec l'argent qui traîne au CAC 40 et dans les paradis fiscaux. »
- Donnerez-vous une consigne de vote pour le second tour ?
- Nous nous maintiendrons si nous le pouvons. Nous ne donnerons aucune consigne de vote et une alliance me paraît difficile. Comment peut-on s'allier avec le PS qui a baissé la tête devant la réforme des retraites ? Les électeurs doivent reprendre leur destin en main à travers un vote de révolte et non de résignation. Nous sommes du côté de ceux qui refusent la fatalité. »
Propos recueillis par Franck Buchy