Publié le Dimanche 31 janvier 2010 à 10h11.

Languedoc-Roussillon : la gauche de la gauche veut fédérer une union anti-Georges Frêche (Le Monde 31 janvier)

Montpellier Envoyée spéciale

Les proches de Martine Aubry ont tenté toute la journée de convaincre, qui Marie-George Buffet, qui Jean-Luc Mélenchon, les numéros un du PCF et du Parti de gauche, de se rallier à la liste qu'Hélène Mandroux, maire PS de Montpellier, a décidé de lancer pour les régionales face à Georges Frêche dans le Languedoc-Roussillon. En vain. L'un et l'autre ont répondu : "Rejoignez-nous".

La liste "A gauche maintenant", emmenée par René Revol, et qui rassemble toute la gauche radicale (PCF, Parti de gauche, NPA, les Alternatifs, etc.) est partie en campagne. Elle a tenu le premier meeting anti-Frêche vendredi 29 janvier à Montpellier. Devant 3 000 personnes, Mme Buffet, M. Mélenchon et Myriam Martin - qui remplaçait Olivier Besancenot, "empêché par sa campagne" - ont décliné les axes de ce que serait une politique de rupture à gauche. Mais, dans les têtes, un autre enjeu se jouait.

Depuis les déclarations de M. Frêche contre Laurent Fabius, l'ambiance politique change dans la région. "On est en train de tuer l'idée que Frêche est le seul qui peut gagner au deuxième tour. Les gens sentent que l'addition de notre liste, des écolos et des socialistes derrière Mme Mandroux, peut gagner", glisse M. Revol. "Et on peut être devant les écolos au premier tour", ajoute-t-il.

"SIGNAUX"

Ce proche de Jean-Luc Mélenchon, professeur à l'Ecole normale et maire d'une petite commune de la banlieue de Montpellier, y croit. Dans cette région où le non au référendum sur le traité constitutionnel européen en 2005 fut massif, où la mémoire du "Midi rouge" est vivace, l'alliance de la gauche radicale a gardé un crédit inédit. L'idée de présenter une liste de gauche contre la droite, mais sans M. Frêche et ses "blagues racistes", séduit. Le NPA ne s'y est pas trompé en se ralliant très tôt au Front de gauche. Une partie de l'électorat socialiste, qui ne supporte plus les provocations du président de région, commence à venir voir, curieuse. De plus en plus nombreux, assure François Liberti, conseiller régional PCF. "A nous de leur envoyer des signaux", insiste M. Revol.

Alors, les signaux se multiplient. Comme ces déclarations conjointes de M. Revol ou Jean-Louis Roumégas, chef de file d'Europe écologie, assurant qu'au deuxième tour, les deux listes fusionneront avec toute autre liste de gauche excluant M. Frêche. Ou encore la proposition que Mme Mandroux rejoigne la liste écologiste. Un sondage confidentiel donnerait cette alliance anti-Frêche gagnante face à la droite du deuxième tour. Intox ou réalité ?

Lors du meeting, tous ont tapé contre le "Néron de Septimanie". "Quand il parle des Noirs dans l'équipe de France, il parle comme le pire de la droite identitaire, et quand il dit que la retraite à 60 ans est impossible, il parle comme le pire de la gauche d'accompagnement", a lancé M. Mélenchon, qui a ajouté : "Celui ou celle qui sera devant au second tour mènera la liste d'union de la gauche et René Revol peut être celui-là !"

"Il faut rendre son honneur et sa dignité à la gauche face à ce despote populiste", a renchéri Mme Buffet. Il leur reste six semaines pour convaincre.

Sylvia Zappi