Les partis institutionnels ont refusé de mener campagne et ont fait en sorte que la population se désintéresse au maximum du scrutin. Le seul débat autorisé a joué la vraie/fausse opposition entre « euro-allergiques » et « euro-fanatiques ». Un moyen d’enfumer un peu plus les classes populaires et d’obscurcir les enjeux de la construction européenne.
Car les partisans de l’Europe libérale, tout comme les tenants du repli nationaliste, s’entendent pour désigner la commission de Bruxelles comme responsable de tous nos malheurs. La preuve d’une complicité troublante.
Rejetons le repli nationaliste et l’Europe libéraleC’est une façon pratique pour les uns de faire croire que toutes les politiques d’austérité menées par leurs soins au niveau national ne seraient que l’application de décisions prises à une échelle supérieure, l’Europe. Pour les autres, il s’agit d’une tentative illusoire de suggérer que la souveraineté nationale nous protégerait de telles orientations. Tous mentent effrontément. Au sein de l’Union européenne, c’est le conseil européen qui dicte la loi, autrement dit les gouvernements nationaux. L’échelle nationale n’est donc pas court-circuitée, elle fait bien partie du problème, non de la solution. Qu’il soit édité en euros ou en francs, le système monétaire reste contrôlé par ceux qui nous exploitent, nous payent au lance-pierres et imposent aux peuples de se serrer toujours plus la ceinture afin d’engraisser la classe capitaliste.
Pour une Europe des travailleurEs et des peuples...Nous proposons de sortir des traités existants, de celui de Maastricht au traité budgétaire (TSCG). Ils ne servent qu’à favoriser la liberté de circulation des capitaux, mettre les travailleurs en concurrence entre eux et imposer l’austérité. À l’inverse de la directive sur les travailleurs détachés, nous voulons prendre le meilleur des droits sociaux et démocratiques qui existent dans les différents pays pour les mettre à disposition de tous. Nous exigeons un salaire minimum européen basé sur les revenus nationaux les plus élevés, l’interdiction des licenciements et la réduction massive du temps de travail. Aux privatisations et libéralisations en cours, nous opposons des services publics européens dans les transports, l’énergie, la santé, les postes et télécommunications ou encore l’éducation. Pour en finir avec la spéculation financière, en particulier celle sur la dette publique, il est urgent d’exproprier les intérêts privés, sans rachat ni indemnités pour établir un service public bancaire européen qui ait le monopole de l’activité. Nous voulons le droit à l’avortement effectif dans toute l’Europe.Nous voulons une Europe débarrassée du nucléaire, sans gaz de schistes, sans OGM, sans grand projet inutile, et qui favorise l’agriculture écologique et paysanne.
Finissons-en avec l’Europe forteresse !Nous voulons en finir avec cette Europe entourée des barbelés que les accords de Schengen ont dressés depuis 1985. 20 000 migrants, fuyant la guerre ou les catastrophes climatiques, la dictature ou la famine, sont morts aux portes de cette UE depuis 1988. L’agence semi-privée Frontex, chargée d’empêcher les migrants de poser le pied sur le continent, peut bénéficier, dans l’opacité la plus totale, d’un petit arsenal de guerre – navires, hélicoptères,avions –financé par des dizaines de millions de subventions européennes. En votant pour nos listes, vous affirmerez votre volonté de construire une Europe sans frontières, où les travailleurEs peuvent circuler et s’installer librement.
Et envoyons valser l’austérité !Ces élections sont aussi l’occasion de dire non au Pacte de responsabilité. Le gouvernement entend prendre 50 milliards dans nos poches, par le gel des prestations sociales, des retraites, l’asphyxie budgétaire des services publics et de la Sécurité sociale afin de donner 40 milliards au patronat au nom de la compétitivité et de l’emploi. Le rapport de forces doit changer. Sous l’ère Ayrault, la droite ultra et l’extrême droite occupaient le pavé. Sous celle de Valls, ce sont enfin des manifestations de gauche qui s’opposent au gouvernement : le 12 avril, le 1er Mai, le 15 mai dans la fonction publique, le 22 avec les cheminots… En votant pour nos listes, vous contribuerez à renforcer ces combats en leur donnant confiance afin qu’ils puissent se développer et converger au lendemain des élections, vous voterez contre ce gouvernement au service du Medef. Vous direz non à la droite qui court après l’extrême droite. Enfin, vous mandaterez des militants et des militantes, une manière concrète et émancipatrice de tenir tête aux partis institutionnels et à ceux qui veulent prendre leur place, comme le FN. En choisissant le bulletin de vote anticapitaliste et internationaliste, vous leur refuserez le droit de prétendre parler en notre nom.
Christine Poupin, Gaël Diaferia, Olivier Besancenot, Pierre Le Ménahès et Philippe Poutou