Mardi 6 juin aura lieu la nouvelle journée de grève et de manifestation à l’appel de l’intersyndicale. Après les concerts de casseroles de ces dernières semaines, la colère sociale n’est pas éteinte, en dépit des manœuvres et coups de pression pour la faire taire.
Preuve que nous n’avons pas dit notre dernier mot, le discours de la nouvelle Palme d’or, la réalisatrice Justine Triet, a suscité une levée de boucliers de toute la macronie et de ses défenseurs : « Cette année, le pays a été traversé par une contestation historique, extrêmement puissante, unanime de la réforme des retraites. […] Cette contestation a été niée et réprimée de façon choquante », accusant aussi ce « gouvernement néolibéral » de défendre « la marchandisation de la culture » aux dépens « de l’exception culturelle française ». Une intervention salutaire, un peu inattendue dans l’apparat du festival du Cannes, mais qui illustre bien que le pouvoir n’en a pas encore fini avec la contestation de sa contre-réforme des retraites et de l’ensemble de sa politique.
Macron aimerait bien passer à autre chose, par exemple chasser les migrantEs avec le projet de loi raciste porté par Darmanin, loi baptisée « Asile et immigration », ou continuer sa criminalisation des pauvres avec la loi Kasbarian sur le logement ou le projet Dupond-Moretti pour la justice… Pour cela, il peut compter sur les institutions antidémocratiques de la 5e République, taillées sur mesure : article 47.1 pour raccourcir la durée des débats parlementaires, article 44.3 pour un « vote bloqué » au Sénat, article 44.2 au Sénat pour faire sauter les amendements, jusqu’au 49.3 pour passer en force. Sans oublier le Conseil constitutionnel qui a retoqué par deux fois la proposition de référendum d’initiative partagé (RIP).
En juin, on est toujours là !
Dernier avatar de cet autoritarisme constitutionnalisé, l’article 40, qui interdit à un parlementaire ou à une formation de soumettre au vote une initiative qui aggraverait les finances publiques sans les compenser financièrement, est instrumentalisé afin d’empêcher le vote de la proposition de loi du groupe Liot. Cette proposition, lancée par des centristes et soutenue par la Nupes, vise à abroger le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Une nouvelle fois, la « démocratie » de Macron et ses amis ne peut s’envisager que si elle leur permet de défendre la petite minorité — patrons et actionnaires — dont ils portent les intérêts, c’est-à-dire celui de nous faire travailler toutes et tous plus longtemps.
Quoi que l’on pense de l’issue possible des démarches parlementaires visant à stopper cette offensive sur nos retraites, le vote annoncé du projet de loi du groupe Liot jeudi 8 juin, s’il a lieu, est l’occasion d’un nouvel affrontement. Dans ce cadre, nous avons toutes et tous intérêt à nous faire entendre, à exercer une pression maximale en vue de ce vote, mais aussi — et peut-être surtout — à faire vivre cette vague de contestation politique contre Macron et son monde. C’est tout l’enjeu d’être en grève et dans la rue ce mardi 6 juin.
Au-delà, le mouvement doit nourrir ces prochaines semaines toutes nos résistances : dans les marches des fiertés pour l’égalité des droits, dans les mobilisations contre l’odieuse loi Darmanin, dans les luttes pour des augmentations de salaire, sur le terrain de l’écologie (notamment contre le grand projet inutile et coûteux de la ligne Lyon-Turin, mais aussi à Saint-Colomban contre l’extractivisme… du sable), etc.
Organisons-nous !
Si la mobilisation permet jusqu’ici de contenir l’extrême droite, les mesures et les moyens mis en œuvre par Macron depuis six ans, qui combinent ultralibéralisme et autoritarisme, lui ouvrent toujours plus la voie. Face à la pire des menaces, le développement des solidarités et la construction des résistances restent les meilleures digues, et cela ne peut se mener que dans l’unité, en faisant front ensemble. C’est aussi la meilleure façon de travailler à la perspective d’un autre pouvoir, un gouvernement de notre camp social qui défende nos intérêts jusqu’au bout.
Pour faire face aux crises que génère le capitalisme, ce système qui met en péril autant la planète que l’humanité, nous avons besoin de faire vivre l’espoir d’une transformation révolutionnaire de la société, d’une société réellement démocratique débarrassée de l’exploitation et des oppressions. Cela passe par s’organiser dans la durée, dans une force politique à la fois unitaire et radicale qui nous manque cruellement aujourd’hui.
Pour cela, nous proposons d’ouvrir au sein de la gauche radicale le débat largement, sans tabou. C’est dans cet objectif que, ces prochaines semaines, le NPA est partie prenante de l’organisation de « forums » ouverts à toutes et tous. Pour répondre aux urgences sociales, démocratiques, écologiques, pour une alternative anticapitaliste.