Dans Le Monde du 6 mai, Jean-Pierre Le Dantec insulte François Ruffin (directeur du journal Fakir et réalisateur de Merci patron !) en le mettant sur le même plan que Marine Le Pen. Ruffin avait osé écrire qu’il y a un fossé entre les classes populaires et Emmanuel Macron... Jean-Pierre Le Dantec, cela ne dira rien à beaucoup de gens, mais il a été, et il ne manque pas de le rappeler dans sa tribune, militant maoïste et directeur du journal la Cause du peuple interdit par le gouvernement. À ce titre, il a fait neuf mois de prison à la Santé en 1971. Il se targue de ce passé pour non seulement outrager Ruffin mais aussi déverser sa bile sur les révolutionnaires traités d’« aveugles », d’« imbéciles », d’« ignorants » ou de « politiciens pervers », « pour peu qu’ils aient dépassé l’adolescence »...
Peu nous importerait le Le Dantec d’aujourd’hui si, pour mieux montrer sa conversion au libéralisme macronien, il n’adressait un autre reproche à Ruffin : « Je prends acte du fait que, avant même qu’aucune expérience de "flexisécurité" n’ait été tentée en France, vous propagez, à son égard, une détestation préventive. » Ah bon, la flexibilité n’est pas le maître-mot de toutes les réformes du code du travail depuis la suppression de l’autorisation administrative des licenciements en 1986 ? Y ajouter « sécurité » est un simple moyen de faire passer la pilule. Le bilan de ces politiques complétées par les exonérations de cotisations sociales employeurs et sous Hollande par le CICE, ne se voit-il pas dans les chiffres du chômage, de la précarité (et dans les résultats du FN) ? Et Macron s’apprête à en rajouter par des ordonnances, contournant même le Parlement ! C’est du concret : pas besoin d’être un révolutionnaire pour se rendre compte à qui profitent ces politiques !
Notre camarade Alain Krivine (qui, lui aussi, a fréquenté la Santé mais n’a jamais partagé les illusions de Le Dantec sur Mao) a ironiquement titré son autobiographie Ça te passera avec l’âge (Flammarion, 2006). Ça ne lui est pas passé, à Le Dantec oui ! Au point de raconter n’importe quoi, de Mao à Macron !