Selon un sondage réalisé la dernière semaine de mai, la liste du Rassemblement national arriverait en tête, au premier tour, dans la région Occitanie, avec 30 % des voix. Quelques jours plus tôt, une autre enquête donnait Thierry Mariani et la liste RN largement en tête en région PACA avec 43 %. Du côté des Hauts-de-France, LR et Xavier Bertrand sont au coude à coude avec l’extrême droite et Sébastien Chenu (33 % contre 32 %). Dans le Grand Est, le RN obtiendrait 28 %, contre 24 % pour LR. Cap à droite, très à droite…
Les sondages ne sont qu’un indicateur déformé de la réalité, a fortiori un mois avant le scrutin. Mais force est toutefois de constater que tous les indicateurs sont à droite, et même très à droite, en ce qui concerne le futur scrutin régional. A fortiori si l’on y ajoute les scores de LREM, en général classée 3e ou 4e – ce qui en dit par ailleurs long sur la faible assise électorale et sociale de la Macronie. Il existe certes quelques exceptions, avec la Nouvelle-Aquitaine et le président PS sortant donné en tête au premier tour, ou la Bretagne avec LREM en tête, juste devant LR, le PS et le RN. Mais la tendance lourde est bien là : quelles que soient les tractations qui vont encore s’opérer d’ici le second tour, les élections régionales vont venir confirmer, voire amplifier, la droitisation extrême, ou l’extrême droitisation, du champ politique.
LREM, LR, RN : dangereux trio
Et l’on ne parle pas ici que de sondages et de futurs résultats électoraux. Les chiffres issus des enquêtes d’intention de vote sont en effet en complète résonance avec la tonalité de la campagne électorale, une véritable course à l’échalote raciste et sécuritaire au sein de laquelle on n’arrive parfois plus à savoir qui est RN, qui est LR et qui, parfois, est LREM. L’extrême droite s’en amuse d’ailleurs, qui n’hésite pas à interpeller LR en les accusant de plagiat, à l’instar de Sébastien Chenu taclant la députée Annie Genevard : « Nous ne réclamerons pas, chère Annie Genevard, de droits d’auteur. Quand il s’agit de la France, il faut savoir se montrer généreux. Au contraire, je vous invite à continuer de vous inspirer de Marine Le Pen. » De son côté Guillaume Peltier explique, à propos de Ménard, « On porte les mêmes convictions », quelques semaines après qu’Éric Ciotti eut déclaré : « Ce qui nous différencie du RN, c’est notre capacité à gouverner ».
LREM n’est évidemment pas, formellement, sur la même longueur d’ondes, se posant en « rempart » contre l’extrême droite. C’est d’ailleurs ce qui explique les tensions au sein de LR, qui cherche à exister entre le RN et la Macronie, avec des tergiversations comme en PACA où, finalement, la liste LR sera soutenue par LREM, tandis que dans le même temps, en Bourgogne-Franche-Comté, LR (et l’UDI) se sont alliées avec Debout la France et Nicolas Dupont-Aignan… Les postures de Macron et des siens ne doivent cependant susciter aucune illusion : il s’agit bien d’un positionnement électoral, et il suffit d’écouter pendant quelques minutes un Gérald Darmanin ou un Jean-Michel Blanquer pour mesurer à quel point LREM reprend les thèmes et les propositions de l’extrême droite, allant jusqu’à l’accuser, comme l’avait fait le ministre de l’Intérieur face à Le Pen, d’être « trop molle ». Et l’on ne parlera pas ici des lois « séparatismes » et « sécurité globale », véritables cadeaux à l’extrême droite…
Nos luttes, nos solidarités, nos alternatives
Les lecteurEs de l’Anticapitaliste savent que le NPA est divisé quant à sa stratégie sur les élections régionales : des camarades ont construit des listes, en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine, avec La France Insoumise et des acteurEs des mobilisations sociales, tandis que d’autres estiment qu’en l’absence de listes du NPA il faudra voter Lutte ouvrière1. Une chose est certaine : les listes d’union de la gauche gestionnaire, jusqu’au PS, ne sont en aucun cas une perspective politique porteuse d’un quelconque espoir d’alternative, mais rien d’autre que des tentatives de replâtrage et d’alliance entre des partis ayant multiplié, lorsqu’ils étaient majoritaires, les attaques contre notre camp social. En Occitanie comme en Nouvelle-Aquitaine d’ailleurs, les majorités sortantes, « de gauche », présentent à ce titre un bilan catastrophique.
Et nous savons en outre que ce ne sont ni ces élections régionales ni la perspective d’attendre 2022 qui pourront apporter de véritables changements, même s’il s’agit aussi de se faire entendre lors de ces élections. Mais nous savons que contre la droite extrême et l’extrême droite, et contre la mortifère alternative Macron-Le Pen, ce sont nos luttes et nos solidarités qui pourront réellement renverser la vapeur : en s’opposant sans ambiguïté, ici et maintenant, aux thématiques pourries des fachos de tous bords, aux lois racistes et liberticides, en articulant cette opposition à la mise en avant de revendications sociales et sanitaires, appuyées sur les mobilisations et l’auto-organisation, et en défendant la perspective d’un autre monde.
- 1. Une motion allant en ce sens a été votée lors de notre dernier Conseil politique national (voir l’Anticapitaliste n°570).