« Concentré à la tâche », oui mais laquelle ? Dimanche soir dans son interview télévisée, quels que soient les sujets, tous vitaux pour les conditions de vie des secteurs les plus fragilisés de la société, le pouvoir macroniste a rappelé qu’il reste un pilier du maintien du système et de ses inégalités.
Bien campé sur le terrain de l’extrême droite, Macron a fait assaut de fermeté contre les migrantEs et les réfugiéEs. « On ne peut pas accueillir toute la misère », assène-t-il, menaçant les pays d’arrêter les aides s’ils ne retiennent pas les migrantEs. « Il n’y a pas de droit inconditionnel à la régularisation. Il n’y en aura jamais ». Une façon toute macroniste de répondre aux propos tenus par le pape quelques jours plus tôt : « Ceux qui risquent leur vie en mer n’envahissent pas, ils cherchent hospitalité »...
Saupoudrage verdâtre
40 milliards pour la transition écologique ? Le chiffre annoncé lors de l’interview pourrait donner le tournis s’il ne masquait pas l’inconséquence d’une politique qui ne rompt pas avec le productivisme. Des voitures électriques en location pour 100 euros par mois et la promesse (déjà faite en 2018 !) de fermeture de toutes les centrales à charbon d’ici 2027, ont été les premières annonces de dimanche soir. Tout ça pour amplifier la production nucléaire de l’électricité made in France ?
Dès le lendemain a été mis en place le Conseil de la planification écologique, une promesse électorale de la dernière présidentielle. À la vérité, peu de mesures nouvelles ont été annoncées pour réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre en France d’ici à 2030. Il faut dire que l’équation n’est pas simple : comment faire mine de changer profondément les choses, à la hauteur de ce qu’impose l’amplification de la crise climatique, tout en ne touchant à rien ? Ainsi Macron dit par exemple vouloir passer de 60 % d’énergie d’origine fossile à 40 % d’ici à 2030, rien n’est dit concernant le pétrole ou le gaz, principales sources d’émissions de gaz à effet de serre…
Lundi, Macron a dit défendre une « écologie compétitive [...] qui crée de la valeur économique »… Doux euphémisme d’un capitalisme vert pleinement assumé.
TOTALement inégalitaire
La population, réduite à la détresse par l’explosion des prix (en moyenne + 5 % d’une année à l’autre) avec d’incessants pics d’inflation, n’a droit qu’à du blabla et à l’absence de réponses politiques fermes. Le pouvoir a dû renoncer à faire vendre à perte les distributeurs de carburants, qui se sont pourtant bien enrichis ces derniers temps. Ainsi, Total a beau avoir enregistré l’année dernière un bénéfice record de près de 36 milliards d’euros de bénéfices (résultat net ajusté), il est hors de question pour l’entreprise, par ailleurs écocide, de lâcher le moindre centime… à part à ses actionnaires !
Devant ce refus ferme et à peine poli, Macron a donc été contraint de remballer sa proposition, et demande maintenant aux distributeurs de vendre « à prix coûtant ». Une demande qui ne sera pas plus concrétisée que la précédente… Et ce n’est pas la mesurette d’une nouvelle aide de 100 euros par voiture et par an pour les plus en difficulté qui va donner le change.
Urgence pour des mesures radicales
Macron a également profité de son petit numéro télévisé pour tenter de vendre sa conférence sociale du 13 octobre, où paraît-il sera discutée la question des salaires. « On va travailler avec toutes les branches qui ont encore un salaire en dessous du smic légal »... Mais que les capitalistes et les actionnaires soient rassurés, Macron n’est « pas pour qu’on indexe tous les salaires sur le prix, sinon on crée une boucle inflationniste »...
Il ne peut à l’évidence pas attaquer la main qui le nourrit, car ce serait faire l’inverse de ce pour quoi il est en place. Pourtant, prendre sur les profits pour une répartition des richesses en faveur de la majorité reste l’unique moyen de répondre aux urgences sociales. Cela passe par augmenter le rapport de forces avec les grands groupes, leurs patrons et actionnaires. Le blocage des prix de l’alimentaire ; la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité ; des augmentations sensibles de salaires, 400 euros de plus pour touTEs ; l’indexation des salaires sur les prix… Autant de mesures radicales que notre camp social ne pourra gagner que par la mobilisation.