Publié le Samedi 13 février 2010 à 13h19.

PORTRAIT de Pascale Montel, porte-voix du NPA.

Depuis des années à la CGT, Pascale Montel s'est engagée au NPA (Nouveau Parti anticapitaliste).

 

Engagée depuis seulement deux ans et la naissance du NPA, c'est la tête de liste - inconnue du grand public - du parti d'Olivier Besancenot dans la région.

 

« Excusez-moi, j'allais vous embrasser ! » Pascale Montel porte la main à la bouche, rit de sa maladresse. Et serre la main. Et c'est tout elle. Tout sauf une professionnelle de la politique, tout sauf une habituée des campagnes électorales. Militante CGT depuis de longues années, elle s'est engagée il y a deux ans au côté de celui qu'elle appelle « Olivier » et pour qui ses yeux pétillent - « Ah oui, il est charmant. » L'une de leurs premières rencontres, c'est l'émission de Drucker, en 2008 : « J'ai été sollicitée pour intervenir, peut-être pour le côté naturel. J'ai parlé avec mes mots, mon vécu. Et ça a dû lui faire "tilt". » Elle, ça lui a fait « tilt » et depuis, elle se bat avec ses mots qui expriment sa foi sans faille dans son combat « contre le capital » et son parcours. Celui d'une femme née dans un milieu très modeste - « les dettes, les coupures d'électricité, on a connu » -, un père socialiste « que j'ai vu militer et ça voulait dire quelque chose. Je l'ai vu aussi les yeux brûlés par la chaux à cause de son travail dans une sucrerie. Le militantisme était déjà là. Ce n'était pas possible qu'on puisse faire souffrir un homme comme ça ». Et puis le travail dès 16 ans.

 

Image retirée.

 

Le parcours d'une femme aujourd'hui au look de la maman qui écoute et console, qui s'est finalement lancée tête baissée en politique parce que « dans les syndicats, on s'aperçoit qu'on passe notre temps à accuser les coups. Tout est politique ».

 

Pour quel poids dans la bataille des régionales ? Sur le plan des idées, Pascale Montel a le discours calibré des militants NPA. De quoi faire sourire son patron, José Cabrita, secrétaire général de la société YKK : « Qu'elle ait pris cette extrémité m'a surpris à moitié, elle détone dans ce qu'on entend sur le NPA, plus rigide. Son point positif, malgré sa bannière, c'est qu'elle est très ouverte au dialogue. » Pourtant, l'engagement extrême gauche semble naturel pour cette « déçue, comme (s)on père, de 1981 » et elle poursuit : « Les communistes, à la limite, ils parlent comme nous et finalement, quand il y a un front de gauche, ils vont négocier des places avec le PS, les partis dits de gauche. On est plus honnêtes. » Sur le plan du charisme, c'est sans doute quitte ou double. Les codes, elle ne les a pas. Passe pour candide lorsqu'elle évoque l'un de ses débats avec Marine Le Pen pour les européennes : « Elle, elle n'est pas naturelle ! Elle part toujours de choses vraies... Mais après c'est pour amener ses choses à elle. » C'est peut-être son atout. Jan Pauwels, un de ses proches, deuxième sur la liste du Nord, argumente : « C'est la seule parmi tous les candidats qui ne va pas parler à la place des autres mais pour les autres. Elle est à l'image de la population. » Sa candidature se serait d'ailleurs faite « naturellement ». Déjà sollicitée pour les européennes, elle s'est, cette fois, sentie prête.

 

« Pouvoir parler » Car il y a aussi des moments où Pascale ne sourit plus. Lorsqu'elle raconte son quotidien de syndiquée CGT après son travail à l'usine : « Ce qu'on entend le plus c'est : ils ont le droit de faire des licenciements économiques ? », dénonce celle qui a fait une validation d'acquis en droit du travail - « Le fait de ne pas avoir poursuivi de scolarité et pour aider à la lutte. » L'oeuvre de sa vie, sans plus trop de place aux autres loisirs, d'une vie pas toujours facile, quand elle reparle encore de son enfance ou d'un divorce « dont je ne vous cache pas que c'est en partie parce que je militais ». Alors plus que jamais sa vie, sa place, est là. Et même si le parti est petit, l'essentiel est d'être ce porte-voix. Avec son parler : « Je suis passée sur TF1 pour les crédits revolving. C'était 20 secondes. Mais pour moi c'était beaucoup. Nous, petits partis, ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de pouvoir parler. »

 

PAR RAPHAËLLE REMANDE, ZOOM :

• Interdire les licenciements et augmenter les salaires et les retraites.

 

« Il faut créer des richesses bien sûr mais davantage sous le contrôle d'un service public, pour renvoyer les richesses vers les besoins des hommes. » Quand on lui oppose les compétences de la Région, Pascale Montel répond : « Aujourd'hui, la Région a beau être socialiste, elle n'est pas un contrepoids au gouvernement car ils ne remettent pas en cause la gestion capitaliste. Elle pourrait si elle voulait. Et puis pourquoi on ne pourrait pas être utopistes ? Les patrons sont utopistes, ils rêvent de bas salaires. »

 

Repères :

• 3 mai 1958 Naissance à Ostricourt. Elle a grandi à Ennecourt, hameau de Camphin-en-Carembault, près de Seclin.

• 1977 Après avoir travaillé aux champs de ses 16 à ses 19 ans, elle entre dans une entreprise qui fait des fermetures à glissière (YKK à Seclin).Elle commence comme ouvrière, elle est aujourd'hui au service commercial.

• 1978 Un an après son entrée à l'usine, elle crée avec des camarades une antenne CGT.

• 1989 Elle entre à la direction du bureau fédéral de la métallurgie CGT pour une dizaine d'années. « Avant de trouver mon chemin politique, j'ai vu toute l'organisation syndicale. »

• 1980 Naissance de son fils. Pascale Montel a aussi une fille aujourd'hui âgée de 23 ans.

• 2008 Elle entre au NPA. Validation des acquis avec une année de droit du travail.