Publié le Vendredi 6 mars 2015 à 17h33.

PS et « frondeurs » : je t’aime... moi non plus

Après le coup de force du gouvernement pour faire passer la loi Macron, les « frondeurs » ont été mis au ban des accusés. Le psychodrame disciplinaire s’est terminé avec un simple rappel au règlement pour les contestataires… échéances électorales et congrès du PS oblige.

Le gouvernement a donc refusé de tenter le diable. Devant les critiques et le positionnement des « frondeurs » sur le projet de loi Macron, il a préféré passer en force, utilisant le 49-3. Un coup de force justifié le soir même par Valls : « la France a besoin d’autorité. Autorité pour lutter contre la menace terroriste (…) mais nous avons aussi besoin d’autorité pour redresser le pays ».Après ce coup de force institutionnel (!), nous avons eu le droit pendant une semaine aux menaces de sanctions, voire d’exclusions, pour celles et ceux qui sortiraient du droit chemin, entendez qui continueraient à s’abstenir, voire pire à voter contre (mais là les « frondeurs » se font plus rare), sur les prochains projets de loi du gouvernement.

Au pas…Mardi 24 février, une semaine après que le gouvernement est passé en force à l’Assemblée nationale, le bureau national du Parti socialiste a donc adopté un texte qui veut remettre les troupes en ordre de bataille et se veut ferme auprès des « frondeurs ». Le texte stipule que l’instance exécutive du parti, « en dialogue avec les groupes socialistes au Parlement, donnera maintenant ses consignes sur les textes après audition du gouvernement ». « Tout manquement aura les conséquences prévues par nos règles internes », est-il encore écrit. S’il réaffirme que le PS est « un parti de débat », le texte adopté affirme aussi que « la cohésion ne se discute pas ».Selon Cambadélis, le patron du PS, ce texte permettra dans les semaines qui viennent d’avoir une plus forte cohésion et surtout « il n’y aura pas de vote contre » à l’Assemblée. En effet, si des députés voulaient à nouveau se prononcer contre un texte, « le bureau national se réunira (...), il peut saisir la commission des conflits (...), il peut y avoir un certain nombre de mesures qui vont du blâme à l’exclusion »...

… mais sans trop se diviserCeci dit et écrit, afin de calmer toutes les sensibilités du parti, Cambadélis a encore joué au rassembleur, ajoutant une petite dose critique du gouvernement dans le texte, avec la revendication que le « mémorandum » du PS sur la loi Macron soit étudié plus avant, demandant encore et toujours que chacune des convictions soit prise en compte... Bref une critique sur la méthode, et comme toujours rien sur le fond.Cela permet ainsi à tous d’y trouver son compte, et de faire en sorte que le Parti socialiste apparaisse uni et soudé, quelques semaines avant la claque annoncée des élections départementales. Mais, à quelques mois du congrès, Cambadélis veut aussi paraître comme celui qui, malgré les difficultés, aura tenu les deux bouts et aura permis de garder le parti rassemblé.Mais derrière ce dernier rebondissement du psychodrame, rien n’est réglé. La volonté de ce gouvernement de continuer à gouverner pour le patronat est toujours intacte, et les mauvais coups sont déjà en cours. Aussi les pseudos « frondeurs » devront choisir : stop ou encore ? Pour nous, la réponse est claire et cela commence par se mobiliser fortement pour la réussite de la journée du 9 avril. Pour les « frondeurs », rien n’est moins sûr...

Sandra Demarcq