Les signatures syndicales du protocole sur les retraites complémentaires du privé vont légitimer une nouvelle contre-réforme des retraites de base versées par la Sécurité sociale. Le recul de ces deux régimes obligatoires et par répartition pourrait inciter ceux qui le peuvent à souscrire à des retraites individuelles et privées. Une aubaine pour les fonds de pension. Pendant trois ans, le montant des retraites complémentaires ne suivra plus l'inflation. Au 1er avril 2013, il ne sera revalorisé que de 0,5 % pour les cadres et de 0,8 % pour les autres salariéEs du privé. La part patronale et la part salariale des cotisations augmenteront de 0,1 % en 2013 et 2014. Pour les régimes de base, elles ont déjà augmenté sur les salaires en dessous du plafond (3 086 euros par mois) de 0,2 % au 1er novembre 2012 et seront à nouveau relevées de 0,5 point au 1er janvier de chaque année jusqu’en 2016. Une « contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie » de 0,30 % prélevée sur les pensions des retraités imposables entrera aussi en vigueur au 1er avril de cette année. Toutes ces mesures vont porter un coup au pouvoir d’achat, notamment des retraitéEs. Officiellement, la hausse des prix devrait se limiter à 1,75 % en 2013. Mais chacun se rend compte que ce sera probablement bien plus. Il n’y a pas de problème de financement !Le gouvernement a demandé à une commission un nouveau rapport pour juin, et envisage divers « leviers » pour les régimes de base : agir sur la durée de cotisation, le niveau des prélèvements et le montant des retraites. L’âge légal de départ en retraite à 62 ans en 2017 pourrait être avancé dès 2015. Le Medef surenchérit : « Tous nos voisins ont choisi, à l'horizon 2035 ou 2040, de reculer l'âge légal de départ à 66 ou 67 ans », a déclaré Laurence Parisot au Figaro. Toutes les confédérations syndicales, signataires ou non de l’accord, s’accordent à dire qu’il y aurait un problème de financement en raison de l’augmentation du nombre de retraitéEs. Mais les licenciements réduisent le montant global des cotisations. Et surtout le partage des richesses entre le capital et le travail a nettement évolué ces trente dernières années en faveur du capital. La part des profits s'est envolée, passant de 27,3 % de la valeur ajoutée en 1981 à 33,8 % en 1990, puis s’est stabilisée depuis. Le vrai problème, c’est bien celui de la répartition des richesses. S. Bernard
Crédit Photo
Photothèque Rouge/Essa Kamino