Point de provocations en cette rentrée (ou presque) de la part de Macron. Mais les objectifs demeurent, alors que les premiers effets de sa politique se font sentir notamment dans l’Éducation, conduisant à la baisse de popularité du ministre. Pendant ce temps, LREM se divise sur ses candidats aux élections municipales à Paris… et ailleurs. Des signes de fragilité qui ne doivent pas nous faire oublier que, plus que jamais, la mobilisation est nécessaire.
«La démocratie s’est déréglée, parce que le capitalisme s’est déréglé et est devenu fou ». C’est Emmanuel Macron qui parle la veille de l’ouverture du G7. On croit rêver. Devant une centaine d’entrepreneurs, le discours sonne comme un mea culpa : « Parce qu’on produit nous-mêmes des inégalités qu’on ne sait plus réguler », ajoute le président. Et pourtant, il est bien décidé à poursuivre sur sa lancée sans remettre en cause le modèle qui « s’est enrayé » selon lui, à savoir l’économie de marché.
La belle façade se lézarde
S’il veut bien concéder, comme il l’a fait devant les journalistes de l’Association de la presse présidentielle le 22 août dernier, « des mutilations inacceptables » ces derniers mois en France, il ne change rien à la politique du gouvernement. Pour preuve, l’annonce des conclusions de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) sur les circonstances de la mort de Steve à Nantes qui entérine la politique répressive : « Aucun lien ne peut être établi entre l’intervention des forces de l’ordre et la disparition » du jeune homme. Et la remise du rapport de l’Inspection générale de l’administration (IGA) a été repoussée, laissant suspecter, pour le moins, des « dysfonctionnements ».
Si les petites phrases sont un peu moins violentes et provocatrices, elles sont toujours présomptueuses, et masquent bien mal les grands mensonges éhontés. La porte-parole du gouvernement elle-même a affirmé la semaine dernière sans ciller que le « Grand débat » n’avait fait l’objet d’aucune publicité financée sur les deniers publics… oubliant que plus d’un million d’euros a été engagé pour une campagne numérique et radio. En continuant sur cette lancée, le gouvernement pourrait bien tout simplement présumer de ses forces.
D’abord, parce que les fissures se multiplient. La belle façade se lézarde. L’affaire Rugy au début de l’été, qui a conduit à la démission du ministre de l’Écologie quelques mois seulement après son arrivée, en est l’expression la plus brutale. Plus discrète, la chute de popularité dans les sondages de Blanquer est pourtant significative. Le ministre de l’Éducation nationale, considéré jusqu’alors comme un pilier du gouvernement, a perdu 18 points de popularité entre février 2018 et cette rentrée. Après la grève des corrections du bac cet été, c’est par ailleurs d’ores et déjà plusieurs lycées qui sont en grève en région parisienne, à Rouen, à Toulouse… tant l’arnaque des réformes commencent à se faire sentir.
Nos convergences face à leurs divisions
Quant aux annonces d’Agnès Buzyn le 2 septembre, elles sont apparues aux yeux des soignantEs en grève pour ce qu’elles sont : de la poudre de perlimpinpin. Elle doit revoir sa copie sous la pression d’une mobilisation qui n’a fait que croître depuis six mois.
Enfin, à l’occasion de la prochaine échéance électorale, tel l’arroseur arrosé, voilà Macron pris au piège de sa propre stratégie. En s’affranchissant des partis pour accéder à la Présidence de la République, il avait prévu d’être un modèle… inexportable. Pas de chance, le lauréat de la médaille Fields, joueur, décide, lui aussi, de se passer d’un appareil constitué pour se lancer dans la bataille municipale à Paris. Issu de la société civile, Cédric Villani incarne mieux qu’aucun autre élu LREM recyclé de la gauche ou de la droite, ce qui fit le succès du parti présidentiel. Le voici donc, ce parti, secoué par une première vraie crise. Au point d’assombrir son université d’été des 7 et 8 septembre. En effet, le processus d’investiture des candidats aux municipales s’avère illisible pour de nombreux membres de LREM, Premier ministre compris. Dans de nombreuses villes, l’investiture du candidat sortant macron-compatible (de gauche ou de droite) reste mal comprise. La base de LREM s’en défie dans quelques villes et pourrait être tentée par des candidatures dissidentes de type « Villani ». La division guette et la base du système gouvernemental en sera d’autant plus fragile.
La rentrée du gouvernement pourrait bien être « pimentée », comme disent les éditorialistes. Nous l’appelons de nos vœux, mais nous savons que cette majorité ne s’effondrera pas toute seule. Nous travaillons à la convergence de tous les foyers de lutte, des ronds-points aux lycées, des hôpitaux aux marches pour le climat, pour une rentrée qui met le feu… contre toutes les réformes de casse sociale, avec entre autres et notamment la destruction des retraites, et surtout pour qu’ensemble, de façon démocratique, dans nos luttes, nous puissions décider quoi produire, quoi transmettre, comment, pour satisfaire quels besoins sociaux, et répondre, bien sûr, à l’urgence sociale et climatique.
Fabienne Dolet