Tous les vaccins autorisés doivent devenir « biens communs » de l’humanité !
Brevets ou solidarité, il faut choisir. Dans le Journal du dimanche, Emmanuel Macron, des trémolos dans la voix, appelle à une coordination mondiale pour la vaccination contre le Covid-19 : « Sans une action collective internationale rapide, efficace et solidaire, nous prenons le risque que le virus nous échappe. » Mais devant l’Organisation mondiale du commerce, quand l’Afrique du Sud et l’Inde, appuyés par plusieurs dizaines d’ONG, mènent la bataille pour une dérogation temporaire aux accords sur les droits de propriété intellectuelle (ADPIC) pour permettre aux États pauvres et émergents de produire ce dont ils ont besoin, les représentants de la France, de l’Union européenne, et des USA opposent un non catégorique. Ils préfèrent les profits de leurs capitalistes de la vaccination à la solidarité qu’ils affichent dans les médias. On se souvient qu’en 2001, les 39 plus grands laboratoires pharmaceutiques mondiaux avaient osé mettre Pretoria en procès, pour une loi sud-africaine autorisant les médicaments génériques à bas prix pour lutter contre le sida.
« Un moyen central pour enrayer la pandémie »
Il y a quelques jours, 46 organisations et plus de 100 personnalités lançaient un appel-pétition : « Brevets sur les vaccins anti-covid, stop… Réquisition ! » : « Face à la Covid 19, l’urgence immédiate est à la prévention, construite avec la population, au renforcement du système de santé (lits, personnels…), et pas à la peur du gendarme, inefficace. La vaccination est un moyen central pour enrayer la pandémie. Pourtant cette campagne piétine, le gouvernement et les pouvoirs publics ne sont pas en capacité de faire face aux besoins, par manque d’anticipation, mais surtout parce que les laboratoires pharmaceutiques se réservent la possibilité de faire de gigantesques profits grâce aux brevets sur les vaccins autorisés. Cette logique prive les plus démunis et les pays les plus pauvres de vaccins, au risque de l’émergence de variants encore plus agressifs ». Il appellent « à signer massivement en France la pétition suivante : Brevets sur les vaccins : stop ! Tous les vaccins autorisés doivent devenir "biens communs" de l’humanité ! Réquisition des entreprises pour la production des vaccins et des traitements anti-covid ! Contrôle citoyen sur les accords, brevets, essais cliniques, pharmacovigilance, pour des vaccins et traitements sûrs et bien testés ! ».
Syndicats, associations, professionnels…
Parmi les signataires on retrouve des Sud (fédérations chimie, recherche, industrie, santé) et l’union syndicale Solidaires, mais aussi des CGT, comme la fédération Santé action sociale, la CGT Sanofi, ou Christian Prudhomme (CGT et Association des médecins urgentistes de France). De très nombreuses associations sont également présentes : Observatoire pour la transparence dans les politiques du médicament, Copernic, Attac, collectif Anti-sanofric, Notre santé en danger, Convergence de défense des services publics, Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, Syndicat de la médecine générale, Union syndicale de la psychiatrie. On trouve aussi des professionnels de santé, parfois prestigieux comme Willy Rozenbaum, co-découvreur du virus du SIDA, le professeur Grimaldi, ou en lutte comme les Collectifs inter-blocs et inter-urgences. Au-delà de la simple question de la vaccination, cet appel est un encouragement, alors que le mouvement social peine à s’unir face à la politique sanitaire du gouvernement.
Multiplier les initiatives
Cette appel n’est pas concurrent de l’Initiative citoyenne européenne « Pas de profit sur la pandémie », qui est d’ailleurs en lien dans l’appel-pétition sur la réquisition. La volonté affichée des initiateurs, au-delà des signatures qu’il faut réunir, c’est de construire un véritable mouvement social contre les brevets des trusts, de multiplier les initiatives, sur les réseaux sociaux, mais aussi devant les usines de la pharmacie, les hostos, les centres de vaccination, de contribuer à une convergence des appels pour faire monter la pression. Ils vont d’ailleurs s’adresser à touTEs les rédacteurEs de tribunes, appels, pétitions sur la réquisition, les licences libres obligatoires, en vue d’un débat unitaire en ligne, d’initiatives communes. Pourquoi pas le 11 mars, un an après la déclaration par l’OMS du début de la pandémie, une date que beaucoup d’associations ont mis à leur agenda.