Publié le Dimanche 15 mars 2020 à 16h37.

Covid-19 : la nécessaire solidarité

Hier soir, samedi 14 mars, le Premier Ministre Edouard Philippe prenait la parole pour annoncer le stade 3 de l’épidémie de Covid-19 : à la clé et renforcement des interdictions de regroupement : tous les commerces « non indispensables » sont fermés depuis samedi minuit, après l’annonce des fermetures d’écoles jeudi soir.

Philippe a à nouveau répété la nécessité du confinement – tout en maintenant les élections municipales – pourtant on ne peut que regarder ses nouvelles annonces de manière dubitative. Non que l’isolement ne serait pas nécessaire, mais cet appel au confinement est contradictoire avec la possibilité des travailleuses et travailleurs de pouvoir le faire de manière effective.

Qui paye la crise sanitaire ?

En effet, force est de constater, que le télétravail, ce n’est pas pour tout le monde. Quid des salariéEs du bâtiment ? En manutention ? Sur la chaîne ? Dans les entrepôts logistiques ? Des cheminotEs ? Des caissières qui se trouvent dans des commerces jugés indispensables par le gouvernement ? 

Qu’a fait le gouvernement pour les mettre en sécurité ? Leur a-t-on fourni des masques et du gel hydroalcoolique ? Quand on voit le témoignage des ouvriers de PSA Mulhouse1 mais aussi en Italie où, malgré un confinement généralisé, les ouvriers de Ford par exemple sont obligés de débrayer puisque leur patron est décidé à maintenir la production. 

Dans les établissements scolaires, cela reste la cacophonie : au bon vouloir du chef d’établissement ou du recteur de l’académie, les personnels sont convoqués lundi matin avec des changements de consignes permanents pendant tout le week-end.

Le gouvernement Macron met en place des mesures coercitives sur les rassemblements mais refuse de toucher aux profits des entreprises, refuse d’imposer des garanties pour les travailleuses et travailleurs sur les lieux de travail. Pire que ça, après avoir contribué à détruire l’hôpital public comme les gouvernements qui l’ont précédé, il n’annonce aucun chiffre en termes de budget pour la santé. 

De leur côté, les centrales syndicales ont pour l’instant demandé des garanties, avancé le droit de retrait ou encore demandé le report des débats parlementaires. Bien sûr, ces demandes sont justes, mais elles sont en deçà de ce dont nous avons besoin. Ne sacralisons pas le travail ! Nous avons besoin de mettre fin à cette crise sanitaire en priorité. Pour cela, les syndicats devraient appeler dès lundi à stopper toute production et tout travail qui n’est pas nécessaire pour mettre fin à l’épidémie. Que ceux qui sont responsables de la crise la payent : aucun travailleur ne doit perdre le moindre jour de salaire. C’est aux capitalistes de payer et non à l’État et donc nos impôts comme le propose Macron !

Ne faisons aucune confiance à l’Etat, prenons nos affaires en main

Comme dans toute crise, le gouvernement joue la carte de l’unité de la « Nation » (comme Macron l’a répété à l’envi jeudi soir) pourtant, cette crise, le gouvernement en est responsable. Nous ne négocierons pas la santé des peuples. Nous ne devons pas faire confiance à l’État pour nous en sortir. Nous le voyons bien : où sont les masques, où sont les tests ?

Si l’unité de la Nation, nous refusons de nous y plier, nous lui opposons la solidarité de classe, la solidarité des peuples qui dépassent les frontières. 

Cette crise entraîne une réaction d’isolement, qui accroît l’individualisme que notre société attise. Pourtant, bien que nous ayons un besoin impérieux d’accepter de maintenir une distance sociale entre nous, pour protéger les plus vulnérables, nous n’en sortirons qu’en organisant la solidarité.

Cette crise doit être le moment de reconstruire du lien social dans les quartiers, d’organiser la solidarité, ne pas laisser en état d’isolement les plus vulnérables, prendre en charge les enfants des soignantEs, prendre en charge les courses pour les personnes âgées ou malades, mutualiser les moyens de protections pour les plus pauvres.  

Bien sûr nous réclamons un plan d’urgence : 

- Arrêt de la production non indispensable pendant l’épidémie, avec maintien du salaire intégral, interdiction des licenciements, en particulier des intérimaires et des vacataires.

- Campagne d'information massive, distribution du matériel médical de protection et tests de dépistage gratuits.

- Augmentation immédiate des budgets hospitaliers. Ouverture de lits, recrutements massifs en CDI et revalorisation salariale.

- Mise sous contrôle public des industries produisant le matériel médical et mobilisation des établissements privés de santé.

- Suspension de toute forme de contrôle des bénéficiaires de prestations sociales.

- Retrait de la réforme des retraites et de l’assurance chômage.

- Interdiction des expulsions locatives et réquisition des logements vides.

- Levée de toutes les restrictions sur l’accès aux soins pour les sans-papiers.

Mais l’auto-organisation des salariéEs, des habitantEs des quartiers pour décider par elles et eux-mêmes en lien avec les personnels de la santé n’a jamais été aussi nécessaire : « Nos vies pas leurs profits ! »