C’est l’heure de la vaccination. Chacun tente de tirer son épingle du jeu pour obtenir un vaccin dans une situation de pénurie. Et en Seine-Saint-Denis, cela fait des dégâts.
On le sait depuis longtemps, la Seine-Saint-Denis cumule les difficultés sociales : précarités socio-économiques, accès au numérique difficile, illettrisme, insalubrité et proximité dans les logements, etc.
Le 93 et le Covid
La pandémie n’a pas épargné le 93, loin de là, appuyée sur les discriminations que le capitalisme fait peser depuis longtemps sur les quartiers populaires. Les comorbidités y sont plus présentes que sur le reste du territoire métropolitain, et le 93 a été l’un des départements ayant connu le plus de décès par rapport à sa population, et il demeure le plus touché en Île-de-France.
On aurait pu croire, dès lors, qu’il y aurait une attention particulière pour la vaccination des habitantEs de ce département spécifiquement. Eh bien non !
Et maintenant, la vaccination
Des centres ouvrent dans toute la France et proposent de vacciner, sur la base du volontariat, les personnes de plus de 75 ans et celles qui sont plus vulnérables aux formes graves du Covid, et dans le 93, il y en a beaucoup.
Les 17 centres ont bien ouverts en Seine-Saint-Denis, ils ont reçu quelques doses de vaccin, comme dans toute la France, mais les rendez-vous ne se prennent que sur internet (Doctolib, Maiia, Keldoc). Ces rendez-vous sont donc ouverts aux habitantEs de tous les autres départements (même s’ils ont eux aussi des centres de vaccination). Le problème, c’est que les personnes de plus de 75 ans, surtout dans le 93, ont des difficultés à accéder au numérique… et les plages de rendez-vous sont toutes pleines.
Résultat : les vaccinéEs sont peu des séquano-dionysienEs. Par exemple, dans le centre de Pantin, 40 % des personnes viennent des autres départements (Hauts-de-Seine, Paris, Val-d’Oise notamment).
Heureusement, l’État a une solution
L’État a été alerté sur cette situation. Le premier réflexe du préfet du département a été de menacer les centres des communes qui souhaitaient fonctionner différemment de les empêcher d’ouvrir. Ensuite, les choses ont changé et l’ARS a proposé une solution : un centre réservé aux personnes du 93, à Bobigny. Donc les personnes de tout le 93 doivent faire plusieurs dizaines de kilomètres pour se faire vacciner, alors que des centres existent à côté de chez elles, mais qu’elles n’ont pas accès aux rendez-vous. Et pendant ce temps-là, la pandémie continue de progresser.
On voit bien que la préoccupation de l’État est d’afficher des bons chiffres de vaccination, et qu’il n’hésitera pas à laisser sur le côté les plus précaires et les plus fragiles d’entre nous.
Nous exigeons un nombre suffisant de vaccins pour que chacunE puisse se faire vacciner à proximité de son domicile, sans être victime de discrimination.