La dynamique actuelle de la pandémie est claire. Toute les mutations vont dans le sens d’une augmentation de la transmissibilité.
Le variant delta, qui a émergé et est déjà majoritaire en Inde, en Ouganda, est maintenant présent dans 85 pays. Il s’impose à Moscou, Lisbonne, Londres, dans les Landes et risque de devenir majoritaire en Europe, en Afrique, en Israël et aux USA très rapidement. Il présente une contagiosité supérieure de 60 % à celle du variant alpha qui a émergé en Grande-Bretagne, et qui a été responsable de la troisième vague. Il est associé à un plus grand risque d’hospitalisation, et a une moindre protection pour les vaccinéEs incomplets à une dose. La vaccination à deux doses reste efficace.
Loin de l’immunité collective
Certaines mesures de distanciation sociale suffisantes pour faire baisser le chiffre de reproduction des autres variants au-dessous de 1 deviennent insuffisantes face au delta. Le choix du gouvernement Macron face au variant anglais a été d’attendre juste le dernier moment avant la saturation des services de réanimation pour reconfiner. Mauvais choix, payé par plus de 14 600 mortEs et environ 160 000 Covid-19 longs supplémentaires. Le problème n’est pas de reconfiner en amont face au variant delta, mais bien de mettre en place, au plus tôt, les mesures pour limiter les contaminations par ce virus aéroporté (aération, testeurs de CO2 et ventilation ultra-fine dans les lieux clos et transports en commun, dédoublement des classes, cantines, réquisition de locaux pour abaisser les jauges, pouvoir des salariéEs et de la jeunesse sur ses conditions de travail et d’études…).
Autre interrogation, le pourcentage de la population qui doit être vaccinée, ou touchée par la maladie, pour atteindre la fameuse immunité collective, passe de 60 % pour le virus historique à près de 90 % avec le delta. Mais l’Afrique, par exemple, est vaccinée à 1 % seulement, comme le rappelle l’OMS, qui prédit que la troisième vague y sera la plus meurtrière. Apartheid vaccinal insupportable en termes de morts pour les pays pauvres et d’accessibilité à l’immunité collective. Avec le risque de variants d’échappement aux vaccins remettant en question l’efficacité vaccinale, pour l’instant remarquable.
Apartheid sanitaire
Cela ne rend que plus urgent la levée des brevets, les transferts de technologies, les réquisitions de capacité de production. Un apartheid vaccinal qui existe aussi à plus petite échelle dans les pays riches. Ceux qui sont les plus susceptibles d’être infectés sont souvent les moins vaccinés. Abandonnés voire attaqués par l’État depuis des années, ils ont développé la plus grande méfiance face à la vaccination, et sont le moins ciblés par les dispositifs vaccinaux. Exclusion sociale, exclusion vaccinale (zones rurales ou de banlieues privées de médecins, sans-papiers, SDF, gens du voyage…) ! Apartheid vaccinal, mais aussi apartheid en matière de criblage et de séquençage, pour suivre l’émergence et la diffusion des variants. À l’opposé du nationalisme vaccinal, l’autre face des brevets des trusts, il faudrait une politique de vaccination rapide et massive au niveau des régions du monde où émergent des variants plus agressifs.
Comparons aussi le seuil de 90 % à la pyramide des âges, la question de la jeunesse se pose alors. Sa vaccination bien sûr, les moyens pour effondrer les risques de transmission dans les lieux où elle se rassemble, l’école, l’université, ses lieux de vie et de fête. Pour sa santé psychique, et pour la santé de toutes et tous. Car tous les gendarmes du monde et les mains arrachées ne l’empêcheront pas de faire la fête. Et si le virus circule fort, mathématiquement le risque de variant augmente. Face au variants delta, vaccination rapide, immédiate, et universelle, combinée à toutes les mesures qui permettent le maintien d’une circulation virale basse, qui d’ailleurs rend seule possible le traçage et l’isolement, doivent être les exigences de l’heure.