Cette semaine, le pass vaccinal se met en place, validé par le conseil Constitutionnel, y compris dans ses aspects les plus liberticides de contrôle d’identité par les cafetiers, restaurateurs, un pas de plus vers une société de contrôle généralisée.
Quelques jours auparavant, fort opportunément, le Conseil d’analyse économique sortait une étude sur le pass sanitaire, lequel aurait sauvé plus de 4 000 vies en France en six mois. L’organisme, rattaché à Matignon, n’a eu aucun mal à parer de toutes les vertus le pass macronien. Il a en effet comparé le pass à… l’absence de toute autre politique en faveur de la vaccination. Un biais majeur pour tous ceux qui, comme nous, sont contre le pass, mais pour une politique active de vaccination, en cherchant à « convaincre plutôt que contraindre », à aller vers les plus isoléEs, dans une démarche de santé publique préconisée d’ailleurs par l’OMS. Il reste plus de 4,6 millions de non-vaccinéEs en France et, parmi eux, 12,1 % de plus de 80 ans, parmi les plus fragiles. Triste bilan en réalité pour le pass macronien ! « Généraliser la vaccination, et pas le pass vaccinal », comme le titre la FSU.
Il y a d’autres solutions qu’emmerder les gens
Le pass vaccinal serait indispensable pour « éviter la saturation des hôpitaux ». Mais, dans le même temps, Jean Castex fait des annonces (levée du télétravail et des jauges en intérieur, notamment dans les stades) qui risquent bien de remplir l’hôpital, dans un contexte d’espoir de reflux rapide de l’épidémie qui s’éloigne. Le début de reflux esquissé en Île-de-France la semaine passée ne se confirme pas. La France ne suit pas l’Angleterre, qui a divisé par deux ses contaminations en une semaine. La moyenne sur sept jours était de 58 décès quotidiens, fin novembre, au moment de l’annonce d’Omicron, elle est actuellement en plateau stable en France autour de 231 décès par jour. Pas un seul épidémiologiste ne pense que les mesures annoncées par Castex ont un quelconque fondement médical. Il s’agit plutôt d’un pari pré-électoral avec nos vies, laisser monter les hospitalisations, donc aussi les décès, pour pouvoir « lever les contraintes » et remplir les urnes ! Le tout en se parant des lauriers du chef de guerre qui « emmerde » les anti-vax et mène la nation à la victoire contre le virus.
Mais si la lutte contre le virus apparaît comme une « contrainte » insupportable à beaucoup, c’est surtout parce que Macron a choisi la voie de la contrainte et de l’autoritarisme pour lutter contre le covid. La mobilisation enseignante, les mobilisations des hospitalierEs montrent qu’une autre voie existe : celle du renforcement de l’hôpital, celle de mesures choisies et collectives pour diminuer la circulation virale, qui se fait essentiellement par aérosol ; embaucher pour dédoubler classes, amphis, TD ; contrôle ouvrier sur les conditions de travail, pour des locaux aérés en permanence, avec testeurs de CO2, filtration ultra fine, en commençant par les cantines ; masques et tests gratuits ; réduction du temps de travail, embauches, télétravail sous contrôle des salariéEs, pour des jauges adaptées ; embauche de 25 000 travailleurEs de santé communautaire pour tester, fabriquer de l’isolement avec les malades et leurs familles ; garantie des revenus.
Pour un droit à la santé commune et universelle
Jamais cette voie n’a été explorée. Nous ne demandons pas le maintien des contraintes et emmerdements, mais bien une autre politique de santé publique face au virus, qui s’appuie sur les salariéEs, la jeunesse, les habitantEs des quartiers.
Macron inaugure sa présidence de l’Union européenne en refusant clairement la levée des brevets sur les vaccins, traitements et tests covid, se réfugiant derrière le mécanisme de solidarité Covax pour vacciner la planète. Covax avait fait la promesses de 2 milliards de doses pour les pays à faibles revenus en 2021. En réalité, seulement un milliard de doses auraient été livrées, parfois inutilisables, à quelques jours de la date de péremption.
Covax et le système des brevets ont failli à fournir au monde vaccins et traitements, malgré le bilan très lourd de la pandémie. Alors même le Lancet en tire la conclusion que le système des accords sur les droits de propriété intellectuelle de l’OMC (ADPIC) est cassé, et qu’il « est urgent de supprimer les médicaments et technologies essentielles de la santé du champ d’application de cet accord ». Une motivation de plus pour relancer les mobilisations pour un droit à la santé commune et universelle, contre les profits de Big Pharma.