Comme cela était malheureusement prévisible et prévu par certains, pendant l’été la circulation du virus s’est intensifiée.
Plus que les rassemblements en plein air, le non-respect de la distanciation physique (les masques ne suffisent pas) et des consignes sanitaires minimum dans certains cas (absence de distributeurs de gel dans les gares, les trains, sauf RATP) et les conditions de travail en entreprise sont en cause.
La pandémie rebondit
La courbe des « positifs » en proportion des dépistages a commencé à croître, suivie par les entrées hospitalières, puis à dépasser les sorties et, logiquement pour qui veut bien connaître le décalage entre les différentes étapes du Covid, par une montée en réanimation, et un redémarrage des décès.
Pour autant, et heureusement, recherche thérapeutique et amélioration de la prise en charge ont conduit à une réduction de la mortalité, par usage des corticoïdes type dexamethasone notamment après les résultats de Recovery, des anticoagulants et des techniques de réanimation/ventilation (curarisation et entubages sont de moins en moins nécessaires). Pour autant, nous n’avons toujours aucun traitement, même et y compris aux stades précoces, évitant les aggravations.
La reprise générale de l’épidémie se fait selon les clusters, et de même qu’en mars le grand Est était à la peine et pas la Bretagne, ici c’est Marseille qui a fait les premiers gros titres. Même si le signalement mi-août de la reprise des réanimations à Lariboisière aurait dû faire plus qu’une brève sur Europe 1.
Il n’y a aucune raison de se satisfaire de cette reprise en clusters et tenter de nier la réalité de la reprise et le risque de deuxième vague en octobre. Certains pays proches ou moyennement proches y sont déjà, tandis que les chiffres tant réels qu’officieux au Brésil, aux USA et en Afrique à présent et surtout en Inde font frémir. D’autres pays (Chine, Vietnam, Nouvelle-Zélande), avec des degrés de démocratie variable, s’en sortent à présent très bien, d’autres avec des mesures moins drastiques mais relativement efficaces.
Un système de santé au bord de la rupture
Ici, la reprise tombe sur un système de santé avec des soignantEs fatigués, et des soins et examens classiques dont le retard pose problème et qu’il faudra bien faire.
Les MarseillaisES ont découvert ainsi avec surprise qu’ils et elles n’avaient que 70 lits « armés Covid » alimentés par les urgences et, pour quelques dizaines par l’IHU du Pr Raoult, qui donc transfère les cas « réanimation ». Dépasser les 70 lits est possible mais posera problème.
Un gouvernement « responsable » aurait profité de la période estivale pour rouvrir des lits, recruter en formation accélérée des soignantEs et planifier une politique de dépistage.
Que nenni ! On a même vu des annonces de restructuration pour l’hiver. Et question dépistage, là où il aurait fallu prendre exemple sur le modèle coréen (dépistage des clusters, tests autour, isolement de courte durée, avec « cliniques PCR mobiles » et moyens en matériel et personnels), on a eu une pagaille totale avec surcharge grandissante des laboratoires privés, queues (excellent pour la distanciation et le mélange contaminés/non contaminés) et inondation des personnels et, déjà, des manques faute de stocks en réactifs PCR. Quel intérêt de dépister quatre jours après une demande de rendez-vous pour un résultat 5-6 jours après ? Quel intérêt de dépister tout le monde ?
Un dépistage rationnel aurait pu servir à limiter la circulation virale et aurait dû être accompagné de mesures financières pour les arrêts de travail en découlant. Les masques devraient évidemment être gratuits et renouvelables, si jetables, deux fois par jour. Quant à la gestion de la rentrée scolaire, un minimum de planification aurait permis de limiter bien plus les cas de contamination signalés.
Mais, du côté du gouvernement, il s’agit de ne pas saboter la « relance » de la production/consommation et de restaurer les profits, bien plus que de conduire une politique de santé. La gestion de la deuxième vague est aussi chaotique que la première avec, d’ores et déjà, des pénuries dans les EHPAD et certains services pour certains matériaux. Un comble !