Retard à l’allumage en France, apartheid vaccinal au niveau mondial.
Dans la course de vitesse entre la vaccination et le Covid-19, malgré la crainte d’une accélération avec le variant anglais, le France a choisi de partir à la vitesse d’un escargot. Super-congélateurs livrés seulement le 21 décembre, selon l’enquête de Mediapart, retard d’anticipation dans le recueil du consentement qui n’est pas toujours aisé dans les Ehpad, aiguilles sous-cutanées fournies alors que ce sont des aiguilles plus longues intra-musculaires qui sont nécessaires, les ratés se sont multipliés.
Efficacité des vaccins
Pour ne pas avoir à porter la responsabilité du fiasco d’un début de vaccination raté, le gouvernement accuse les lenteurs de la bureaucratie. Pourtant c’est bien le plan gouvernemental qui proposait de limiter la vaccination aux seuls résidentEs des Ehpad jusqu’à la fin février. Devant le tollé suscité par ce retard, car chaque jour sans vaccination, ce sont des morts qui auraient pu être évités, Macron a dû passer à la vitesse supérieure. Le 31 décembre, Olivier Véran a donc annoncé que la vaccination serait finalement ouverte aux professionnels de santé de plus de 50 ans ou atteints de comorbidité, puis fin janvier aux plus de 75 ans.
Depuis le 6 janvier, un deuxième vaccin est autorisé en France, le Moderna. Fait important pour pouvoir multiplier les centres de vaccination au plus près des populations, il se transporte à – 20 °C et peut rester 30 jours dans un frigo classique, contre – 70 °C et 5 jours seulement pour le vaccin Pfizer. L’essai clinique du Moderna, publié le 30 décembre par le New England Journal of Medecine, confirme l’efficacité des vaccins à ARN contre le Covid-19. Sur les 30 420 volontaires qui ont participé à l’essai, 185 ont contracté le covid dans le groupe placebo, contre seulement 11 dans le groupe vacciné, confirmant une efficacité de 94,1 %. 30 personnes ont eu un cas de covid sévère, avec à la clef un décès, tous dans le groupe placebo. Aucun effet secondaire grave n’a été noté. D’ailleurs depuis les essais cliniques, plusieurs millions de personnes ont été vaccinées avec les deux vaccins agrées par l’Agence européenne du médicament. Avec à la clef aucun décès, mais seulement quelques très rares chocs allergiques, autour de 1 pour 100 000 vaccinéEs, qui poussent à un interrogatoire avant vaccination, notamment pour les patientEs allergiques au polyéthylène glycol. Les bénéfices de la vaccination sont donc très largement supérieurs aux risques potentiels.
Apartheid vaccinal
Les vaccins à ARN, qui ont fait la preuve de leur grande efficacité contre le Covid-19, ont été pré-achetés par les USA et l’Union européenne à coups de millions d’aide aux trusts de la vaccination. Il en est de même pour le vaccin plus classique de Zeneca-Oxford, bien avancé dans son étude de phase 3, dont les doses ont déjà été pré-achetées par la Grande-Bretagne, l’Europe et les USA. C’est donc peu dire que les pays les plus pauvres, aux budgets de santé minés par la dette et les politiques de privatisation, sont actuellement privés de vaccins. Le vaccin chinois est parfois distribué peu cher à certains pays pauvres, mais comme une arme pour se faire ouvrir les ports, les voies ferrées, les délibérations des parlements, pour construire les routes de la soie que Xi Jinping veut mettre en place dans sa course à l’hégémonie face aux USA.
Entre les prix élevés exigés par Big Pharma, la limitation des capacités de production pour cause de brevet et de secret industriel, et les interêts stratégiques des États, on est bien loin de vaccins bien commun universel, fournis rapidement et gratuitement à toute la population mondiale. Le profit espéré pour les vaccins anti-covid, 20 milliards de dollars pour Pfizer, 10 milliards pour Moderna, voilà la cause d’un apartheid vaccinal qui vient de loin. Le vaccin contre l’hépatite B avait été testé chez les enfants sénégalais, ils en ont été privés pendant des années ! En 2015, lors de l’épidémie à virus ebola, le professeur Ballou, responsable vaccin ebola chez GSK, avouait à la BBC qu’avec l’OMS, ils s’étaient mis d’accord pour ne pas développer le candidat vaccin. Pas rentable !
La vaccination est trop importante pour être laissée aux intérêts des labos ou des États. Contre les brevets des trusts, contre le secret des process industriels, qui limitent la production mondiale de vaccins sûrs et efficaces, la réserve aux pays les plus riches, qui peuvent payer les prix hauts exigés, il faut réquisitionner Big Pharma, et lui imposer des licences obligatoires et gratuites, pour fournir ce qui doit être un bien commun universel.