Publié le Mercredi 5 mai 2021 à 09h30.

Situation sanitaire et vaccination : « pari » stupide et désorganisation

La déconnexion entre réalité épidémiologique et décisions gouvernementale s’aggrave de jour en jour. Essayer de faire croire à la cohérence de leurs décisions est devenu l’unique boussole de ces gouvernants.

TouTEs les épidémiologistes (et, en bout de ligne, touTEs les soignantEs) affirment et réaffirment que la situation n’est pas sous contrôle, qu’avec près de 6 000 personnes en réa la décrue des cas covid est à peine amorcée, que l’incidence de nouveaux cas est encore au moins de 300 pour 100 000 par semaine au plan national, que près de 300 morts s’ajoutent chaque jour au nombre déjà exorbitant de plus de 100 000 en un an… Eh bien Macron n’en a cure, puisque tout lui paraît aller suffisamment dans le bon sens pour décider de la levée « progressive » (en réalité, bien plus rapide que lors du premier confinement) des mesures de restriction de la vie sociale qui, craint-il, nuisent à sa popularité plus encore qu’à la santé psychique des personnes de ce pays. Il croit sans doute que ce qui va lui permettre de gagner son « pari » (puisqu’il est clair maintenant que nous sommes sur une table de roulette, Macron étant le seul joueur, et la mort faisant le ­banquier), c’est l’essor de la vaccination.

L’immunité collective à Noël ?

Voyons pourtant où nous en sommes : quatre vaccins sont disponibles en France, toujours fournis au compte-goutte par les trusts qui les fabriquent et les vendent à prix d’or : Pfizer, AstraZeneca, Johnson et Johnson (Janssen – une seule dose nécessaire) et Moderna. AstraZeneca offre une moins bonne protection, de l’ordre de 2/3, où les autres sont plutôt proches de 9/10. Des effets secondaires graves (thromboses, embolies, c’est-à-dire formation de caillots dans les vaisseaux) ont été signalés avec deux de ces vaccins, mais avec une fréquence de décès tellement inférieure au nombre attendu de vies sauvées par la vaccination que la décision de maintenir leur usage en le restreignant aux tranches d’âge les plus menacées par le Covid est justifiée. En France, depuis janvier, un peu plus de 15 millions de personnes ont reçu une dose, un peu moins d’un quart de la population, et 6,5 millions deux doses (un dixième de la population). Pas de quoi arrêter la circulation du virus, puisqu’il faut environ 60 à 80 % de la population immunisée pour que cela soit le cas. Bon, cela va venir, dit l’optimiste en chef. Quand ? Au rythme actuel, il faut une semaine pour qu’un million supplémentaire soit complètement vacciné. Alors, calcul simple, pour vacciner 35 millions de personnes, 35 semaines : joyeux Noël ! Pour rappel, en Israël, plus de 58 % de la population est déjà complètement vaccinée, en Grande-Bretagne 21 %, aux États-Unis 30 %…)

Face aux inégalités, imposer la réquisition

Alors, se concentrer sur les plus exposés ? On nous a dit avoir vacciné tous les vieux. C’est faux : un quart des plus de 75 ans n’ont rien reçu, seule la moitié est complètement vaccinée. Et les proportions chutent dès qu’on descend dans les tranches d’âge, même parmi celles qui paient un lourd tribut en mortalité covid ; et, plus étonnant, ces proportions varient selon les départements… presque deux fois plus de personnes complètement vaccinées en Ille-et-Vilaine (18 %) qu’en Seine-Saint-Denis (10 %), alors que l’incidence est à 234 pour 100 000 par semaine dans le premier département contre 481 dans le deuxième. Quel sens ? Il faut évidemment tenir compte de l’arrivée des produits, dont aucun n’est fabriqué en France, mais la gestion de la distribution, rendue erratique par la multiplicité des organisations, les changements de consignes (pas moins de 12 définitions de population cible entre le 27 décembre 2020 et le 15 juin prochain) aggrave la gabegie et la perte de temps.

Et surtout, il y a le scandale persistant du refus des gouvernants des pays riches de déclarer le vaccin « bien commun de l’Humanité », et le maintien dans le champ du profit privé ce besoin essentiel et universel qu’est la vaccination anti-Covid. La réquisition des moyens de production pharmaceutique à l’échelle mondiale permettrait de fabriquer au plus vite les milliards de doses nécessaires pour mettre toute l’humanité à l’abri. Au lieu de quoi, ici comme partout, les plus pauvres attendent. En Inde (la « pharmacie du monde » !) on meurt par millions, et le marché noir et les vaccins bidons s’y installent tandis que les prix et les variants s’envolent.

Il n’est pas nécessaire d’être révolutionnaire pour comprendre que l’humanité dans cette épreuve est une : le virus ne fait pas de différences ; et ses mutants, même s’ils apparaissent dans un lieu précis de la planète, menaceront vite partout. Il en viendra qui déjoueront l’immunité donnée par les vaccins actuels. Plus que jamais l’urgence est à la solidarité, et non au blablabla hypnotique. Macron parie, tout le monde perd. Il parle de retrouver notre art de vivre, mais il nous impose plutôt une façon de souffrir et de mourir. Refusons les 50 000 morts supplémentaires que son inaction nous fera subir avant la fin de l’année. Imposons la fabrication massive de vaccins sortis du règne de la propriété privée, et sortons de ce cauchemar en virant au plus vite les clowns sinistres qui nous gouvernent !