Le 14 novembre, journée de grève générale en Europe. Mais en France, faute d’appel à la grève et de perspectives, la mobilisation a été faible. La riposte, ce n’était pas maintenant ! Dans l’État espagnol et au Portugal, des manifestantEs ont défilé, appuyés par des secteurs en grève comme l’industrie et les transports. Au Portugal, à deux semaines du vote du budget, cette journée de mobilisation, la plus grosse depuis la révolution des œillets commentent certains, était l’occasion de refuser de nouveau le budget de la rigueur 2013.
En Grèce, la grève générale a eu lieu les 6 et 7novembre contre les mesures d’austérité discutées au même moment au Parlement et le vote d’une loi facilitant la privatisation des sociétés publiques.
Une journée sans réel enjeuLe degré des attaques contre les salariéEs et la puissance des mobilisations dans les pays du sud de l’Europe obligent les principales directions syndicales à se montrer plus offensives qu’ailleurs. En France, cette journée fut une occasion manquée de mettre en mouvement et de faire converger les différentes luttes de l’industrie avec d’autres secteurs notamment ceux du public.Si cinq syndicats appelaient bien à relayer l’initiative de la CES, c’était pour en faire une journée de mobilisation sans aucun appel à la grève. D’emblée le ton était donc donné : cette journée ne serait pas une démonstration de force contre la politique du gouvernement qui brosse dans le sens du poil le patronat et s’apprête à faire payer l’addition aux salariéEs. En effet, à 6 jours du vote global du budget à l’Assemblée nationale, cette journée, dans la suite de celle du 9octobre aurait pu être l’occasion de commencer à mettre en avant les revendications d’interdiction des licenciements, du maintien des sites et des emplois, de l’augmentation des salaires en lien avec le refus de la rigueur incarnée dans le prochain budget 2013.
Pas de convergence
Des préavis sont tombés au compte-gouttes et souvent de manière confidentielle mais d’appel clair à la grève, il n’y en eut que très peu. Alors qu’au bout de six mois, le gouvernement est déjà fragilisé par une politique d’austérité, les directions des principaux syndicats se refusent à l’affrontement quand le patronat avance ses pions sur le « coût du travail » et le « choc de compétitivité ».Dans quelques départements, des intersyndicales ont appelé aux manifs locales sans jamais pousser jusqu’à l’appel à la grève, et de fait, partout les cortèges furent assez minces : 1 000 à Rennes, 2 000 à Marseille, 2 500 à Lille, 3 000 à Bordeaux et environ 5 000 à Paris. Le 9 octobre avait été une première occasion de faire converger ensemble pour une même action devant le Mondial de l’Automobile de nombreuses équipes des boîtes menacées de fermeture et de licenciements, à l’occasion de la journée de grève appelée par la CGT. Le 14aurait pu être un moment où public et privé se rassemblaient contre l’austérité et ses conséquences. Pour autant, il nous faut continuer à discuter de la nécessité de se mobiliser contre ce gouvernement qui défend chaque jour davantage les intérêts des patrons, des financiers et des actionnaires au détriment de la majorité d’entre nous.Denise Sarraute