Cela semblait un pari risqué qui, en tout cas n’avait pas, c’est le moins que l’on puisse dire, recueilli l’assentiment de beaucoup de militants ou équipes syndicales fortement impliqués dans les mobilisations de ces dernières semaines. Le décalage, voire le recul paraissait grand entre les précédentes journées de grèves et de manifestations notamment des 7 et 23 septembre. Et pourtant la mobilisation a été sensiblement égale aux journées précédentes (avec des écarts en plus ou en moins selon les régions ou les villes). Mais surtout c’est le type de manifestants présents qui était le plus remarquable. De nombreux militants d’entreprises se sont abstenus de participer, considérant que cette initiative était en recul par rapport aux précédentes. À l’opposé des salariés de petites ou moyennes entreprises, ou qui sont dans l’impossibilité de faire grève, du fait de la répression patronale ou de difficultés financières étaient présents. Les mots d’ordre étaient beaucoup plus larges que la retraite avec des slogans contre Sarkozy et le gouvernement. L’accueil des points fixes et des tracts et autocollants distribués par les militants du NPA traduisait bien cette volonté de politiser la mobilisation. Ainsi cette journée fut un pont utile entre le 23 septembre et le 12 octobre mais n’a pas ouvert la voie à la généralisation de la mobilisation, à l’entrée dans une grève reconductible assise notamment sur des grèves dans les entreprises. C’est à cette tâche que sont maintenant confrontées les équipes syndicales. Les mobilisations qui se développent sur l’ensemble du territoire ne se limitent pas à la question des retraites. Infirmiers anesthésistes, dockers, salariés de Ford ou des raffineries de l’Étang de Berre (nous y reviendrons dans le prochain numéro) mobilisés sur leurs statuts, l’emploi, les qualifications, les conditions de travail et la pénibilité font en même temps le lien avec la question des retraites et la politique gouvernementale. Reste à construire ce « tous ensemble », dans la grève bloquant l’économie du pays pour faire reculer le gouvernement et ses amis du Medef. Sans attendre le 12 octobre.