Publié le Mercredi 2 novembre 2011 à 14h57.

Air France : en grève pour l’emploi et la sécurité

Air France a été confrontée à une réaction massive de ses 15 600 hôtesses et stewards PNC (personnels navigants commerciaux) durant le week-end du 1er novembre.

Pour améliorer ses marges financières, le groupe Air France/KLM, une des deux plus importantes sociétés de transport aérien européennes et mondiales avec le groupe Lufthansa, a décidé de lancer une offensive frontale contre ses salariés, au sol comme navigants.

Le groupe veut accentuer le recours à la sous-traitance et la suppression de milliers d’emplois au sol. Dans le volet navigant de ces attaques, il prévoit une réduction importante des équipages navigants commerciaux : les équipages sont passés de quatorze à dix depuis 2001 sur les vols long courriers, il risquent maintenant de passer à neuf… Et sur les courts et moyens courriers A319, la direction veut supprimer un navigant sur quatre.

De fait, Air France veut, comme les compagnies low-cost, se mettre au minimum des normes européennes, en-deçà desquelles la sécurité minimale n’est plus garantie.

Les PNC sont les garants de la sécurité à bord et ont permis d’éviter un grand nombre de catastrophes, comme lors d’un atterrissage d’urgence à Toronto en 2005 où l’avion avait pris feu, mais les 297 passagers avaient été rapidement évacués.

Air France veut également augmenter ses économies avec l’ouverture d’une nouvelle base à Marseille dans laquelle, en toute illégalité, elle applique des règles dégradées de rémunération et d’utilisation aux 250 PNC qui y sont affectés depuis le 1er octobre.

Face à toutes ces attaques, six syndicats sur sept ont appelé à la grève avec un important succès : plus de 60 % de grévistes.

Pour essayer de casser le mouvement, Air France a redoublé d’effort dans la communication, parlant de 80 % de vols assurés. Pourtant, avant même le week-end, de 20 à 30 % des vols avaient été annulés. Ensuite, Air France n’a réussi à faire passer que 40 % de son activité en recourant à des vols affrétés, aux cadres, et en faisant partir des avions à moitié vides avec des équipages réduits de moitié.

Le calcul de la direction est de passer en force, de démoraliser les navigants, sans rouvrir la moindre négociation qui mettrait à mal ses plans de rentabilisation financière.

Pour obtenir l’accord de quelques syndicats (la CGC, la CFDT et la CFTC), elle joue sur la crise qui mettrait la compagnie au bord de la disparition, alors qu’Air France ne cesse d’accroître son activité, dans un contexte où le transport aérien mondial a une croissance régulière de 6 % par an. AF/KLM dispose d’une trésorerie de 6 milliards d’euros et vient de passer commande de 100 nouveaux avions pour les années à venir. Le seul but de toutes ces attaques est bien la recherche de gains de productivité pour restaurer les profits financiers. Le conseil d’administration d’AF/KLM avait d’ailleurs remercié le directeur général Pierre-Henri Gourgeon en lui octroyant 412 000 euros d’augmentation (+ 46 %) en mai dernier.

Le gouvernement de droite est venu ce week-end au renfort de Jean-Cyril Spinetta. Xavier Bertrand en a appelé au service minimum obligatoire pour les navigants d’Air France, qui est pourtant depuis six ans une société privée ! Pourquoi ne pas faire directement réquisitionner les salariés par l’armée comme l’a fait Zapatero avec les aiguilleurs du ciel espagnols ?

Correspondant