Les mois précédant l’été avait réchauffé l’atmosphère, avec la grande mobilisation contre la loi travail. La grève du 15 septembre était dans les tuyaux pour tenter de remobiliser et de gagner. Mais, quand le monde du travail menace la classe dominante, celle-ci n’hésite pas à utiliser tous les moyens pour contre-attaquer, dans un déluge de racisme et de répression.
L’attentat de Nice a été le début d’une offensive idéologique comme le gouvernement nous y a habitué depuis ceux effectués contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher il y a un an et demi. Ces attaques meurtrières, qui sont un symptôme de la décomposition du monde, de la violence atroce du capitalisme, sont utilisées pour construire un arsenal répressif et raciste sans précédent. L’attentat de Nice que Daesh a revendiqué permet de construire l’idée qu’il existerait un ennemi commun à toute la population, « l’islamisme ». Un terme qui tente de gommer les différences fondamentales qui existent entre l’islam, l’intégrisme et le terrorisme. Un terme qui tente de faire un amalgame entre les femmes qui se baignent en burkini et les militaires de Daesh.
L’empire contre-attaque
Tous les politiques s’y sont mis. Le FN demande de « bannir les signes religieux ostensibles de l’espace public ». Valls utilise pratiquement les mêmes mots : « Les plages, comme tout espace public, doivent être préservées des revendications religieuses ». Avant d’ajouter le sexisme au racisme : « Marianne elle a le sein nu parce qu’elle nourrit le peuple, elle n’est pas voilée parce qu’elle est libre ! »
Hollande a annoncé la constitution d’une garde nationale de 200 000 militaires et volontaires civils. Il renforce ainsi la militarisation de la société, la circulation des armes, l’arbitraire policier. L’état d’urgence a été une nouvelle fois prolongé, reconduisant ainsi la multitude d’attaques contre les libertés.
Et Mélenchon, en parlant du burkini comme d’une « provocation politique » et en dénonçant le « communautarisme », hurle encore une fois avec les loups. Nous y sommes hélas maintenant habitués…
Le retour des Jedi ?
Jean-Christophe Cambadélis nous sidère une fois de plus en tweetant « Parler de l’islam [sic] permet d’éviter d’évoquer la réussite gouvernementale sur le chômage ». Ne serait-ce pas plutôt une catastrophe gouvernementale sur toute la ligne pour la classes populaires ? Une catastrophe qui provoque d’ailleurs la sortie du bois pour la primaire de Benoît Hamon, d’Arnaud Montebourg et de Gérard Filoche, qui se voient en sauveurs du PS et de la gauche.
Une fois de plus, on ne peut que leur répondre qu’il n’y a pas de conciliation possible entre l’appartenance au PS, le fait d’assumer sa politique en empêchant les motions de censure de passer et en votant l’état d’urgence, et une politique pour les classes populaires.
Quant au PCF, il attend encore pour se prononcer, espérant qu’une solution miracle lui permette d’éviter de soutenir un Mélenchon qui fait de plus en plus grincer des dents dans le parti...
Un nouvel espoir
Sur le fond, nous n’avons pas grand-chose à attendre de ces tergiversations : elles sont le produit d’une gauche qui ne se résigne pas à voir le PS mener une politique clairement de droite, mais elles sont bien loin de proposer une solution à la crise profonde que nous subissons. Pour cela, il faut une véritable rupture avec les institutions, un plan de rupture anticapitaliste qui passe par l’interdiction des licenciements, la partage du temps de travail, la saisie des banques, l’arrêt de toutes les politiques racistes, l’ouverture des frontières…
C’est ce que défendra la campagne présidentielle de notre camarade Philippe Poutou. Cette campagne ne peut qu’être intimement liée aux mobilisations, car nous ne voulons pas être une voix de plus qui appelle bêtement « aux urnes » alors que le mouvement du printemps dernier montre l’inverse : c’est dans la rue que nous remettrons au premier plan nos intérêts de classe, que nous défendrons nos revendications et que nous les imposerons.
Le 15 septembre est la prochaine date de mobilisation « contre la loi travail et son monde ». On ne sait pas bien si cette date est préparée comme il le faudrait par les organisations syndicales, mais il est sûr que cette rentrée s’annonce comme une rentrée de luttes : le 6 septembre, les salariés de SFR lutteront contre les 5 000 destructions d’emploi prévues, le 27 septembre puis le 19 octobre se tiendront les procès des salariés d’Air France puis de Goodyear. Dans quelques endroits, les Nuits Debout ont continué cet été et reprennent en cette rentrée. Le 1er octobre, une manifestation aura lieu contre le « rafistolage du parc nucléaire français », et le 8 octobre, la mobilisation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes continue...
Ce jeudi 15 septembre sera donc le moment de rassembler toutes celles et tous ceux qui veulent en finir avec ces politiques. Il ne s’agira pas de témoigner, de seulement retrouver les militantEs les plus radicaux, mais bien de construire une mobilisation de masse. Si les centaines de milliers de personnes mobilisées au printemps n’ont pas suffi, c’est qu’il faut se mobiliser par millions. Si les grèves à la SNCF et dans les raffineries n’ont pas suffi, c’est qu’il faut une grève générale !
Antoine Larrache