Depuis des mois, l’objectif affiché du gouvernement Hollande-Ayrault est « l’inversion de la courbe du chômage » et selon la communication officielle de ces derniers jours, cette inversion vient de débuter avec les derniers chiffres d’octobre… Vraiment ?
«L’inversion de la courbe du chômage est amorcée », se félicite le gouvernement après que les derniers chiffres ont été dévoilés. En octobre, selon les données publiées par Pôle emploi, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A (n’ayant pas du tout travaillé dans le mois) a donc diminué de 20 500 (– 0,6 % en un mois, + 6 % sur un an). Ces trois derniers mois, le nombre de sans-emplois de catégorie A a reculé de 10 500… après avoir progressé de 21 300 de mai à juillet, et de 95 100 de février à avril. La tendance est ainsi clairement pour les catégories A à un repli. Et en ne prenant que cette catégorie, le gouvernement et Sapin en tête peut se targuer d’avoir atteint son principal objectif et d’estimer que « les chiffres publiés confirment que la bataille pour l’emploi peut être gagnée ».
40 000 de chômeurs en plus !Si le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A enregistre un recul de – 20 500 inscriptions, le cumul des catégories A, B et C explose de près de 40 000. En d’autres termes, le chômage à plein-temps baisse, le chômage à temps partiel augmente. Et pas qu’un peu : + 60 000 en catégories B et C ! Conséquence directe, toutes catégories confondues, le nombre total de chômeurs a progressé de 39 600 en octobre (+ 0,8 % sur un mois, + 6,8 % sur un an), pour atteindre le niveau record, en « métropole », de 4 883 000 chômeurs officiels…C’est sans aucun doute le nombre de chômeurs de longue durée (inscrits depuis plus d’un an) qui aujourd’hui atteint des records. En hausse continue, ce nombre a doublé en cinq ans. Cela touche aujourd’hui 41 % des inscrits à Pôle emploi. Un sur deux est inscrit depuis plus de deux ans. Conséquence directe, l’augmentation des chômeurs en fin de droits basculant au RSA (+ 13 % en un an). À côté des chômeurs de longue durée, le nombre de chômeurs de plus de 50 ans ne cesse de croître, avec une augmentation de 11,4 % en un an.
Ce n’est pas une fatalitéOn le voit le chômage ne baisse pas, bien au contraire. Et pire, la précarité ne cesse d’augmenter : toujours plus de contrats à durée déterminée, de temps partiels, de bénéficiaires du RSA…Et cela n’est pas prêt de s’inverser au vu de la politique d’austérité menée par ce gouvernement qui depuis 18 mois, amplifie les exonérations et les crédits d’impôts, facilite les licenciements et la précarité grâce à la loi bien mal nommée de « Sécurisation de l’emploi », qui ne cherche qu’à baisser le « coût du travail » sous prétexte de compétitivité… Bref, une politique qui amplifie et accélère celles qui ont été menée depuis 30 ans au nom de la prétendue lutte contre le chômage.Chaque année, à l’appel des organisations de chômeurs, le premier week-end de décembre est l’occasion de rappeler dans la rue que le chômage et la précarité ne sont pas une fatalité et qu’une autre politique pour l’emploi est possible. Ce samedi 7 décembre, à Paris et dans de nombreuses régions, la colère des privéEs d’emplois doit une nouvelle fois se faire entendre, contre le bluff de ce gouvernement.
Sandra Demarcq