Publié le Jeudi 30 avril 2020 à 18h01.

Face au chômage partiel, les salariéEs du social contre-attaquent

Une expérience qui a eu lieu au sein de deux associations, en cours de regroupement, dans le Département de l’Isère. Il s’agit de deux associations d’environ 70 salariéEs chacune, du secteur de l’insertion et de l’hébergement. 

Depuis les mesures de confinement, la plupart du personnel est en télétravail. Une présence limitée est maintenue dans les services d’hébergement et des permanences physiques ont lieu dans certains services d’accompagnement, malgré le matériel de protection insuffisant.

Après deux semaines de confinement, les directions consultent les CSE à propos de la mise en place d’une mesure de chômage partiel, sans maintien de salaire. L’argument principal étant que nous ne travaillerions pas autant en télétravail que dans les services. Les deux CSE refusent cette mesure : aucune diminution ou suppression de financement n’a été annoncée, les salariéEs assurent la continuité de service en télétravail et présentiel, donc les conditions de mis en place ne sont pas réunies. L’inspection du travail est saisie par les deux CSE.

Contre le fichage du travail

À l’occasion de l’envoi d’un courrier adressé à l’ensemble des salariéEs, les directions vont changer de stratégie et faire mine de ne plus s’intéresser au chômage partiel (sans s’engager à ne pas le mettre en place), pour insister sur la nécessité de mobilité des salariéEs, en solidarité avec les services les plus en difficulté. Afin de mieux évaluer les disponibilités et besoins des services, selon les directions, une fiche horaire hebdomadaire est demandée, où chaque salariéE devrait préciser l’ensemble de ses tâches réalisées en télétravail.

Cette fiche est identifiée comme la pierre angulaire de la stratégie des directions : par son biais, elles comptent prouver que nous ne travaillons pas autant que d’habitude. Ensuite, elles n’auraient plus qu’à nous donner le choix entre renforcer d’autres services ou le chômage partiel.

Un communiqué intersyndical unitaire est alors rédigé, rassemblant l’ensemble des organisations syndicales des deux associations (CGT, CFDT et SUD). Il revendique le maintien de tous les salaires à 100 % et appelle les salariéEs à ne pas remplir la fiche horaire, rappelant qu’elle aurait dû faire l’objet d’une consultation des CSE qui n’a pas eu lieu. Enfin, le communiqué appelle à une heure d’information syndicale (HIS) dématérialisée, commune aux deux associations.

Lors de cette HIS, 30 salariéEs se connectent, sur un total de 140. Les échanges sont dynamiques, les salariéEs sont très défavorables à cette fiche. Pour compléter la démarche, un mail type sera proposé à l’ensemble des salariéEs, dans l’objectif que chacunE l’envoie à la direction pour signifier son refus de remplir la fiche. Il contient également une mention de solidarité envers les collègues en CDD qui sont contre la fiche mais la remplissent du fait de leur condition précaire. À la demande générale, une nouvelle HIS est prévue deux semaines plus tard.

L’organisation des salariéEs a ainsi permis de faire valoir nos revendications, et d’obtenir que la direction recule sur le chômage partiel en garantissant le maintien de nos salaires à 100%. La lutte paie !