Le bilan de la grève du jeudi 25 octobre à la SNCF est encourageant. La moyenne des grévistes a été approximativement de 30 % à l’exécution (avec des pics au dessus des 50 % en Paca et dans le Limousin), même si elle est bien inférieure à la maîtrise et chez les cadres.
Mais ces chiffres nationaux cachentune grande disparité selon les métierset les régions. Par exemple, dans certains établissement (une minorité), des assemblées générales ont été organisées et la grève a été reconduite plusieurs jours sur des thématiques locales.
Globalement, il ne s’agit pas d’une déferlante, mais plutôt d’un début de remobilisation : cette grève est pratiquement la première grève nationale unitaire après la défaite des retraitesen 2010 (21 jours de grève à la SNCF)… Depuis deux ans, les cheminotss’étaient repliés sur des luttes localeset dispersées, contre les réorganisations permanentes. Cette grève nationale démontre donc qu’une page est tournée, d’autant plus que c’est la première grève face au nouveau gouvernement socialiste.
Les mots d’ordre de la grève étaient les questions-clés de la période : l’emploi (30 000 emplois supprimés à la SNCFen dix ans) et les salaires (les cheminots ont perdu 20 % de pouvoir d’achaten 20 ans).
Mais, en toile de fond, il y a aussi les menaces qui se précisent sur le statut des cheminots et sur la réglementation du travail à la SNCF (le RH 077) : dans la foulée des Assises du ferroviaires de Sarkozy, le gouvernement socialiste s’apprête à lancer une grande réforme ferroviaire visant à faire baisser « le coût du travail » des cheminots (quel manque d’originalité…). Sous prétexte d’ouverture à la concurrence, le gouvernementet la direction SNCF veulent aligner les droits sociaux et les conditions de travail des 150 000 cheminots SNCF sur ceux des 2 000 cheminots du privé, et pasle contraire évidemment…
Dans les mois qui viennent, la situation sociale à la SNCF pourrait donc bien se réchauffer. Et c’est dans cette perspective qu’il faut comprendre la grève du 25 octobre : un début de remobilisation avant une bataille sans doute décisive.
Gabriel LAFLEUR
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