Publié le Jeudi 29 octobre 2009 à 19h44.

H&M Le Bourget : grève contre une délocalisation camouflée  

Depuis le 14 octobre, les salariés de l’entrepôt H&M du Bourget (Seine-Saint-Denis) bloquent l’entrée aux camions. Àl’intérieur se trouvent les marchandises pour réapprovisionner les magasins de l’hexagone durant la période des soldes flottantes, du 12 au 24 octobre. Pas une seule n’est sortie.

Le mouvement a démarré, àl’initiative d’une intersyndicale CFDT-CGC-CGT-FO, par un rassemblement devant l’Assemblée nationale pour dénoncer les conséquences de la loi de modernisation sociale, véritable arsenal contre les salariés. Cet été, les salariés ont découvert quels étaient les projets de leur direction pour se débarrasser d’eux sans rien payer. H&M a décidé de liquider son secteur logistique en créant une société, GBC France («Global buying company»), rattachée à GBC Belgique qui gère la diffusion des produits H&M dans toute l’Europe du Sud. Les salariés comprennent la menace: perte de leurs acquis (la mutuelle et une participation d’environ 2500 euros, soit deux mois de salaire) et, surtout, risque de fermeture du site. En effet, GBC Belgique construit actuellement à la frontière un entrepôt grand comme trois fois celui du Bourget, utilisant des subventions du gouvernement wallon et de l’Union européenne. Malgré cinq jours de grève en juillet et la nomination d’un médiateur, la direction réussit à faire voter au CE, fin août, la mise en place du projet sans aucune des garanties réclamées par l’intersyndicale.

Pendant douze jours, les grévistes ont tenu le blocage à une quarantaine malgré les provocations patronales, présents jours et nuits. Le jour de leur assignation au tribunal pour ce blocage, ils apprennent les dernières astuces du plan d’H&M. GBC France a déposé ses statuts pour le 1er novembre2009. Cette société boîte aux lettres, prête-nom légal pour se débarrasser d’eux, n’a que 49000 euros d’avoirs et aura bien du mal à payer (même très mal comme ils le sont) 280 salariés.

Les 22 et 23 octobre, 80 % des 280 salariés ont arrêtéle travail et reçu le soutien de l’UD CGT 93, du député PS d’Aubervilliers, d’une sénatrice PCF et du PCF 93, du NPA et de Lutte Ouvrière et même du maire du Bourget. Le 27 octobre, les salariés ont été contraints de mettre fin au blocage par une décision de justice. Symptôme de la violence patronale subie, le même jour, un salarié tentait de mettre fin à ses jours au cours d’une réunion de CHSCT. La lutte continue.

Cathy Billard