Les intermittentEs du spectacle (environ 100 000 travailleurEs technicienNEs et artistes) sont à nouveau en ligne de mire, et d’ici fin 2013 on connaîtra leur sort. En effet, les accords Unedic sur l’assurance chômage mis en place à partir de 2003, qui couraient sur une durée de 10 ans, doivent prendre fin cette année. D’ores et déjà, le Medef, appuyé par la « sacro sainte-neutralité » de la Cour des comptes préconise de supprimer l’annexe 8 qui concerne les technicienNEs du spectacle et de remettre en cause l’annexe 10 (artistes) de l’assurance chômage. La raison donnée par la bourgeoisie est simple : le régime d’assurance chômage des intermittentTEs du spectacle serait déficitaire, coûterait trop cher et plomberait l’Unedic, il faudrait faire des économies, il faudrait le détruire. Aujourd’hui on assiste à une répétition de ce qu'il s’est passé il y a dix ans (où le patronat avec l’aval de la CFDT avait imposé une précarisation encore plus grande des artistes et technicienNEs) : le chômage explose, la masse de travailleurEs diminue et donc les cotisations pour l’assurance chômage diminuent également. Le déficit de l’Unedic explose, il faut trouver à nouveau un bouc émissaire…
Propagande patronale et nécessaire contre-attaqueLes arguments des défenseurs de la nouvelle réforme sont complètement erronés. UnE intermittentE indemniséE ne coûte pas plus cher aujourd’hui qu’en 1983. La caisse de chômage est un acquis social de 1945, conçue comme une mutualisation globale et les cotisations pouvaient largement financer les périodes de chômage des intermittents, dans un principe de solidarité interprofessionnelle. Le déficit de l’Unedic est en fait principalement dû à la montée du chômage, et à l’exonération de cotisations patronales. Bref, il est « raccord » avec la crise capitaliste : la précarisation, la destruction des emplois et l’augmentation de la pauvreté. Un des autres arguments pour cracher sur les intermittentEs est qu’il y a beaucoup de fraude, en particulier de « permittentEs » : ces intermittentEs qui enchaînent des CDD pour pouvoir toucher les indemnités, alors qu’ils pourraient être en CDI. Mais ces intermittentEs fraudeurs sont une minorité anecdotique et, de plus, les patrons sont les premiers à profiter de ce système. UnE permittentE est très avantageux pour les employeurs : il coûte deux fois moins cher qu’un CDI, ne rechigne pas à la tâche lorsqu’il peut être mis à la porte du jour au lendemain, et les jours de congé et de maladie sont entièrement pris en charge par Pôle emploi… Depuis plusieurs années la Coordination des intermittents et précaires d’Île-de-France a proposé un nouveau modèle d’indemnisation. Les grandes lignes des revendications (que soutient notamment Sud Culture) comprennent l’idée d’une annexe unique, du retour à une date anniversaire fixe pour le calcul des droits, un calcul de l'indemnité journalière qui réduit l'écart entre les faibles et les fortes allocations, l’arrêt de la discrimination dans le domaine de la santé, etc. Tout en soutenant ces revendications, nous devons aider à la prise de conscience de la nécessaire destruction du capitalisme pour l’émancipation des artistes et des travailleurEs de la culture en général, en étant capable d’articuler ces revendications avec l’objectif d’un gouvernement des travailleurEs où des représentants de ces luttes prendraient place.
Edgard (commission culture)Site de la CIP : www.cip-idf.org