La mobilisation du 24 juin a rassemblé encore plus de manifestants que le 27 mai. Un succès de bon augure pour la suite du combat contre la réforme des retraites, que le gouvernement veut toujours faire passer en force. La journée de grève et de manifestations interprofessionnelle du 24 juin appelée par la CGT, la CFDT, la CFTC, la FSU, l’Unsa et Solidaires a été un véritable succès. Elle marque un tournant dans la mobilisation. Le nombre de grévistes dans le secteur privé comme dans le secteur public, les deux millions de manifestants dans tout le pays : tout indique qu’un saut qualitatif important a été franchi dans la construction du rapport de forces. Malgré la date tardive, les cortèges ont été partout beaucoup plus importants que le 27 mai, de deux à trois fois plus nombreux, très gros dans les grandes villes, mais il faut aussi noter que de nombreuses manifestations se sont déroulées dans des villes plus petites avec le même succès. À noter également, la présence importante de salariés du privé dans de nombreux cortèges. L’ensemble des manifestants avaient un seul mot d’ordre : « Retrait du projet de loi ». Il est clair que celui-ci, présenté par le gouvernement, a provoqué un choc, un sursaut. De manière générale, l’ambiance était plutôt chaleureuse et combative, et les manifestants contents de se retrouver si nombreux. Bref, une journée qui a redonné confiance et qui indique que tout est encore possible. Le gouvernement misait sur la Coupe du monde de football et l’approche de la période estivale pour « endormir » la majorité de la population, il en est pour ses frais ! Les manifestants ont exprimé leur refus clair et net du projet de loi sur les retraites. Le gouvernement a pendant des mois martelé dans sa propagande que ce serait une réforme juste, faite au nom de l’équité : depuis la publication du projet de loi, le 20 juin dernier, chacun et chacune a pu mesurer que cette réforme était profondément injuste et qu’elle pénaliserait les salariés les plus défavorisés, les moins bien payés, les plus précarisés, en particulier les femmes et les jeunes générations.
Cette réforme est faite sur mesure pour « rassurer les marchés financiers », pour faire payer la crise des capitalistes à la majorité de la population. Elle s’inscrit dans le plan d’austérité que le gouvernement veut nous faire avaler : report de l’âge légal de la retraite, augmentation du nombre d’annuités, baisse du niveau des pensions, blocage des salaires des fonctionnaires, nouvelles annonces de suppressions massives d’emplois dans la fonction publique…
Pendant ce temps, une minorité de privilégiés, les actionnaires et les grands patrons, s’enrichissent toujours plus. Face à cette mobilisation d’ampleur, le gouvernement reste droit dans ses bottes. Selon Fillon et Woerth, « aucune mobilisation ne réglera le problème démographique que pose la question des retraites », affirmant ainsi que la mobilisation « ne change évidemment rien à la volonté du gouvernement » d’augmenter l’âge légal du départ à la retraite.
Face à ce mépris, il faut taper encore plus fort pour faire reculer ce gouvernement. Il faut donc très vite un nouveau rendez-vous dès le début du mois de septembre, au moment où la loi va être débattue au Parlement. Pendant l’été, les initiatives doivent se poursuivre dans tout le pays comme le proposent les collectifs unitaires Attac-Copernic avec les rassemblements des « lundis au soleil » (voir agenda page 2). Mais aussi autour du 13 juillet, lors de la présentation en conseil des ministres du projet de loi. Ce n’est jamais gagné d’avance, mais nous sommes de plus en plus nombreux et nombreuses à penser que le combat n’est pas perdu. Les manifestants du 24 juin n’étaient pas dans la rue pour un baroud d’honneur, un petit tour et puis s’en vont. Cette journée n’est qu’un début, c’est ce que nous ressentions fortement dans la majorité des cortèges. Une idée gagne du terrain : il est possible de se battre et pourquoi pas d’imposer le retrait du projet de loi ! Mais pour cela, il faut préparer un mouvement d’ensemble, une grève générale, un affrontement avec le gouvernement. C’est le rapport de forces qui l’obligera à céder.
Dans ce sens, c’est lors du démarrage du débat parlementaire en septembre que nous devons construire une mobilisation encore plus forte pour faire échouer ce gouvernement anti-Robin des Bois qui vole les pauvres pour donner aux riches. Sandra Demarcq