Publié le Vendredi 31 janvier 2020 à 10h20.

Les difficultés de la grève, massive, à la raffinerie de Donges

Régis et David sont délégués CGT à la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique) parmi une équipe syndicale jeune et aguerrie. Elle s’est engagée dans la bataille des retraites début janvier. Lors des manifestations, les salariéEs constituent des cortèges rassemblant environ 150 à 200 personnes, ce qui représente une mobilisation importante sur les 650 employéEs de Total, auxquels s’ajoutent environ 400 travailleurs/ses d’entreprises extérieur intervenant sur le site.

La raffinerie de Donges représente 11 millions de tonnes de pétrole brut par an, sur les 70 millions raffinées chaque année par les huit raffineries de France métropolitaine. C’est donc un site stratégique. Régis et David nous racontent les difficultés rencontrées par le mouvement, malgré le fait qu’il a été très important sur la raffinerie.

L’Anticapitaliste : Comment les grèves se sont-elles passées ?

Régis : Sur les stations-service, l’impact a été minime. Sur la SBFM, propriété de Bolloré, il y a eu un mouvement exceptionnel, avec 100 % de grévistes au dépôt. Mais la direction a cassé la grève en dépêchant des travailleurs de dépôts extérieurs, avec des salariéEs en CDI avec une clause de mobilité, pour qu’ils viennent approvisionner les camions et avec un cordon de CRS assurant la circulation des camions vers les stations.

Nous avons organisé la grève par périodes de 72 heures, et on a tout de même empêché la réception des bateaux et les expéditions par camions et par pipe-line, avec des taux de grévistes de 80 à 90 % chez les salariéEs en 3x8.

L’Anticapitaliste : Peux-tu nous faire le point à ce jour dans ta boite ?

David : Après 22 jours de grève, débutés le 5 décembre, avec des modalités d’arrêt des expéditions de carburants et d’arrêt de certaines unités de raffinage sur des périodes allant de 24 à 96 heures, le collectif de travail a décidé, en AG vendredi 17 janvier, de s’inscrire dans les actions et manifestations sur Saint Nazaire la semaine prochaine mais sans impacter l’outil de travail. Ce dernier est dans un état critique suite à un sous-investissement continu orchestré par la direction. Les salariés grévistes n’ont pas souhaité arrêter l’ensemble de l’usine de peur de la faire péter. 

De plus, le dépôt Bolloré à côté du nôtre, continue de servir des hordes de camions surveillés 24/24 par les miliciens du capital. Ce dépôt avait été bloqué par les manifestants pendant une quinzaine de jours en 2010 et 2016. Car même à 100 % de grévistes, le chef de dépôt, un intérimaire et un jaune rapatrié d’un autre dépôt suffisent à le faire tourner.

Nous avons eu des difficultés aussi à faire grever les collègues sous-traitants en raison de la précarité, des salaires de misère et du peu de présence CGT, sauf notre interpro.

Pourtant, cette énième contre-réforme est comprise, comme l’ont prouvé les nombreux échanges avec les travailleurs, une dizaine d’AG et une vingtaine de tracts. La détermination est visible dans les cortèges où 100 à 150 dongeois sont présents à chaque appel.

Régis : Les débats au sein des travailleurs de la raffinerie de Donges pour arrêter les installations ont abouti au constat qu’on ne pouvait pas aller plus loin et qu’on n’avait pas d’autre choix que de suspendre le mouvement. Il est envisagé de peut-être relancer le mouvement à compter du mois d’avril suite à la conférence financière négociée avec le patronat, le gouvernement et les organisations félonnes.

L’ensemble de la filière a encore été bloquée après notre grève, car à la suite de la grève des huit raffineries, la CGT ports et docks a bloqué le trafic qui les alimente. Également par périodes de 72 heures. Il n’y avait donc plus d’alimentation en pétrole brut, et on a été contraint d’arrêter l’unité de raffinage du brut et l’unité de raffinage du diesel.

Ensuite, les flics sont intervenus à Nantes et le blocage des bateaux a été levé. La production sur le site a donc été momentanément arrêtée mais petit à petit, les bateaux de brut sont revenus, obligeant à reprendre la production.

Propos recueillis par GG Sant Nazer