Avec la mise en œuvre de l’ANI – la compétitivité –, PSA organise un recul social considérable. Mais le ras-le-bol et la colère accumulés ne sont pas loin...
Déjà bloqués en 2013, les salaires le seront en 2014 et probablement 2015 et 2016. Le patron supprime la prime d’ancienneté pour ceux qui ont plus de 20 ans d’entreprise, la prime de rentrée et la subrogation des indemnités de la Sécurité sociale, qui évite les trous sur la paie en cas de maladie. Il ne paie les samedis travaillés qu’en fin d’année avec une majoration de 25 % au lieu de 45 %, et seulement ceux non compensés par des jours non travaillés. Il réduit la majoration de nuit. Le chômage partiel n’est indemnisé qu’à 70 % au lieu de 75 %. Au total, une perte de 1 000 à 1 200 euros par an.
En cas de réorganisation ou de manque de travail, Mulhouse-Sochaux-Vesoul, comme d’autres zones, est considéré comme un seul établissement. Les mutations régionales sont donc la règle, comme les prêts de personnel sur toute la France. La direction annonce tous les samedis travaillés sur une des deux chaînes de Mulhouse... et des périodes de chômage sur l’autre. Et il reste encore à « discuter » la flexibilité, « l’overtime » qui permet de prolonger les horaires de 1/2h ou de 1h en fin de poste, prévenus le jour même ou la veille, la perte de jours de RTT, etc.
Premiers reculs
La CFDT et la CFTC veulent signer l’accord... Mais la direction ne donne rien leur permettant de le justifier. Le mécontentement des salariés et de leurs syndiqués a amené ces syndicats, ce qui est exceptionnel, à appeler à débrayer une heure à Mulhouse le mercredi 11 septembre. La CGT, qui lutte depuis des mois sur le sujet, a rejoint cet appel après avoir déjà appelé à utiliser la journée du 10 sur les retraites pour dénoncer l’accord : 900 travailleurs – le plus gros débrayage depuis la grève de 1989 – s’en sont saisis pour refuser l’accord.
Mais bien des grévistes ont exprimé leur colère sans avoir étudié plus que cela les mesures de PSA, manifestant ainsi leur ras-le-bol de la hausse des impôts, des prix et de la politique de Hollande. Cet état d’esprit a été entendu dans le groupe puisque le débrayage à Mulhouse a été suivi à Sochaux où le directeur avait déjà été été hué par des milliers de salariés, qu’un appel est lancé à Tremery, et que sous cette pression, la journée d’action CGT sur le groupe PSA du 25 septembre est avancée au 18.
Surprise et inquiète, la direction a aussitôt annoncé quelques reculs. Ainsi, le patron maintient la prime de rentrée, renonce à la baisse de celle de nuit et revient partiellement sur l’ancienneté. Insuffisant, puisque, à cette annonce, l’emboutissage de nuit à Mulhouse a à nouveau débrayé, et que l’usine de Vesoul est bloquée, ce qui n’est jamais arrivé. Pour les salariés, très contents des débrayages, c’est loin de faire le compte. Surtout du fait que c’est de tout qu’ils en ont marre : horaires, salaires, travail, retraites, austérité, gouvernement...
Des débrayages qui ont donc changé l’ambiance et annoncent peut-être pour demain, dans ce contexte de multiplication des plans de compétitivité, un changement plus général et une suite bien plus large.