La meilleure façon de financer les retraites, c’est d’augmenter les salaires et d’embaucher, pour augmenter les cotisations sociales ! Et si besoin de majorer le taux de cotisation « dite patronale » en fonction des besoins !
L’abandon de la réforme des retraites était la ligne rouge exigée par le PS pour laisser passer la super austérité des budgets de l’État et de la Sécu : une baisse de 32 milliards d’euros ! Le PS a sauvé le gouvernement en ne votant pas la censure, mais le seul os à ronger que lui a laissé Bayrou, c’est une mission flash de la très libérale Cour des comptes sur les retraites et un conclave des partenaires sociaux de tous les dangers.
Le patronat avance à peine masqué son souhait de mettre sur la table des négociations trois jours de travail gratuit, la retraite à points où la valeur du point dépend à chaque instant de la bonne santé du capitalisme, et le transfert vers la CSG, l’impôt le plus injuste. Sans oublier la capitalisation, où tous les jours nos retraites sont jouées au casino de la Bourse, avec le risque de tout perdre lors d’une crise financière, comme les travailleurEs anglais ont pu en faire la triste expérience lors de la crise des subprimes. Une capitalisation qui coûterait d’ailleurs 2 milliards d’euros au budget de l’État, du fait des multiples exonérations qu’il faudrait compenser !
Les oublis de la Cour des comptes
Alors que des millions de personnes étaient dans la rue contre l’allongement de l’âge de la retraite, la Cour des comptes « oublie » de chiffrer les impacts financiers d’un retour aux 62 ans ! De même que le conclave gouvernemental « oublie » d’inviter la FSU et Solidaires ! Piètre consolation, le rapport souligne le fort décrochage du niveau de vie à venir des retraitéEs par rapport aux actifs, et, contre Bayrou, affirme que les fonctionnaires ont un régime moins favorable que celui des salariéEs du privé et qu’il n’y a pas de surcoût du régime des fonctionnaires. Au passage, il désavoue Bayrou et son déficit caché des retraites à 55 milliards d’euros, l’estimant à seulement 15 milliards en 2035 !
Un point de cotisation en plus, c’est 4,8 à 7,6 milliards de recettes !
La Cour note que la majoration du taux de cotisation d’un point rapporterait entre 4,8 milliards et 7,6 milliards d’euros par an, avec effet immédiat ! Mais inquiète d’une telle hardiesse, la Cour enterre immédiatement cette solution, qui selon elle supprimerait 57 000 emplois. En revanche, elle a « oublié » de chiffrer l’effet récessif de la désindexation des pensions sur l’économie. Une asymétrie qui souligne bien de quel côté penche le cœur de Pierre Moscovici et de la Cour des comptes.
La Caisse nationale d’assurance vieillesse et la Sécu sont malades des salaires bloqués et du chômage qui la privent de recettes. 100 000 chômeurEs en moins, c’est près de 2,4 milliards d’euros de recettes en plus ! 1 % d’augmentation des salaires représente autour de 4,9 milliards d’euros de cotisations en plus ! Elles sont malades des inégalités salariales hommes-femmes, alors que le Haut Conseil à l’égalité a pu calculer que cette égalité ferait rentrer 5 milliards d’euros dans les caisses de la Sécu. Elle est malade des exonérations de cotisations sociales : 83 milliards d’euros l’an passé, dont quelques milliards non compensés par l’État.
Un financement socialisé et des besoins définis démocratiquement
Nous voulons le financement intégral des dépenses sociales par les cotisations sociales, qui sont une part de notre salaire, le salaire socialisé. Les cotisations dites « salariales » amputent le salaire, elles doivent être converties, ainsi que la CSG, en cotisations dites « patronales ». Nous voulons le paiement des cotisations sociales en pourcentage du salaire pour tous les assuréEs, sans exclusive. La CSG exonère le patronat d’une partie toujours plus importante du financement de la Sécu, elle pèse à plus de 90 % sur les salariéEs, les chômeurEs, les retraitéEs.
Pour la retraite à 60 ans pour toutes et tous, à taux plein, avec 37,5 années de cotisations, et à 55 ans pour les métiers pénibles, il faudra autre chose que des conclaves, il faudra retourner dans la rue pour y censurer Bayrou et sa politique !
Frank Prouhet