Publié le Jeudi 12 octobre 2023 à 18h00.

Pour un montant digne de l’allocation adultes handicapéEs

La décision de déconjugaliser l’Allocation adultes handicapés (AAH), votée en janvier 2022 après des années de luttes des collectifs antivalidistes, vient d’entrer en vigueur le 1er octobre.

L’AAH est la seule source de revenus pour beaucoup de personnes handicapées qui ne peuvent pas travailler ou ne trouvent pas d’emploi du fait des discriminations à l’embauche. La déconjugalisation est donc une avancée majeure pour leurs droits, car elle leur garantit des revenus plus stables et une forme d’indépendance financière essentielle. La conjugalisation de l’AAH rendait de nombreuxEs bénéficiaires dépendantEs financièrement de leur conjointE, se retrouvant privéEs de ressources propres dès qu’iels se déclaraient en couple. Cela augmentait significativement le risque de violences conjugales et rendait la fuite d’un foyer violent d’autant plus difficile. 

Mais cette victoire a un goût amer. Le montant maximum de l’AAH reste de seulement 971 euros. C’est insuffisant pour vivre dignement, surtout avec les frais supplémentaires engendrés par les handicaps. Le budget alloué à l’AAH a certes été augmenté mais reste insuffisant pour couvrir toutes les demandes, ce qui risque de restreindre encore le nombre d’AAH accordées. 

Il est pourtant déjà très difficile de l’obtenir. Il faut monter un dossier long à la Maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH) de son département, avec unE médecin qui accepte de le faire et qui ne minimise pas les difficultés rencontrées. En outre, d’un département à l’autre, il y a de grosses inégalités. Les délais peuvent aller de quatre mois (le délai légal) à plus d’un an, et les critères d’attribution, souvent obscurs, sont très variables. 

Alors, beaucoup de personnes handicapées n’ont pas accès à l’AAH : elles sont contraintes de travailler, en mettant leur santé voire leur vie en danger, ou doivent vivre au RSA. De ce point de vue, la scandaleuse réforme du RSA est encore plus catastrophique pour les personnes handicapées qui ne pourront pas faire les 15 heures de « bénévolat » nécessaires pour le toucher.

La déconjugalisation a été obtenue par la lutte. Un accès plus facile à l’AAH, partout le même, avec une allocation revalorisée au niveau du SMIC, restent à obtenir... par la lutte !