Publié le Jeudi 25 octobre 2012 à 11h51.

PSA le gouvernement lâche les salariés mais sauve sa banque

Le système bancaire n’en finit pas de craquer. La Banque PSA Finance filiale à 100 % du groupe PSA est à son tour menacée de faillite. Et naturellement famille Peugeot et actionnaires s’en vont appeler au secours le gouvernement.Pas de ventes d’automobiles sans créditLes banques des constructeurs automobiles sont au cœur de la commercialisation des voitures qu’ils produisent. Les voitures sont vendues une première fois aux concessionnaires automobiles, une deuxième fois par ces concessionnaires aux acheteurs. Cette pratique a été initiée dès les années 1930 par les constructeurs américains pour moins supporter directement les variations de stocks, en reportant sur d’autres plus petits les variations de la demande.Ce double achat est favorisé par l’intervention du crédit. Les trois quarts des achats de voitures neuves en France se font à crédit. Renault et PSA contrôlent ce marché au travers de leurs banques filiales et laissent peu de place aux autres banques qui voudraient participer à ce pactole.Le profit réalisé au travers de ces opérations bancaires devient central pour les deux firmes. Renault Crédit International en 2011 avait contribué pour 761 millions d’euros à la marge opérationnelle de tout le groupe Renault, soit 70 % du total (la marge opérationnelle étant le rapport entre le résultat d'exploitation et le chiffre d'affaires, signe de rentabilité et de viabilité d'une entreprise). Le même résultat est observé pour PSA, 40 % de la marge opérationnelle du groupe.Vers la faillite de la banque PSA Finance ?Pour prêter de l’argent, il faut en disposer ou en « inventer ». Renault et PSA sont passés champions en empruntant eux-mêmes de l’argent qu’ils « reprêtent » ensuite à un taux supérieur aux acheteurs. Renault RCI s’est transformé en collecteur d’épargne privée en proposant les taux d’intérêt parmi les plus compétitifs. Peugeot avait préféré s’en remettre aux prêts préférentiels de la part de la BCE et à la spéculation sur les écarts entre taux d’intérêts selon les pays.L’aggravation de la crise les a rattrapés. Pour PSA, le déclencheur est la difficulté à trouver de l’argent. PSA ne pouvant pas aujourd’hui rembourser 4 milliards d’euros empruntés auprès d’autres banques, le gouvernement  apportera 5 à 7 milliards d'euros de garanties à Banque PSA Finance. Selon ces informations de presse, le   gouvernement donnerait donc à PSA les moyens de continuer à emprunter, pardon… à spéculer !Le gouvernement au secours de PSA !Les négociations sérieuses se passent, non pas avec le ministre en marinière Montebourg, mais avec Moscovici. Avant d’être ministre, il était président de « l’Association des collectivités et sites de l’industrie automobile » (Acsia), ouvertement un lobby pro PSA.Les fonds publics ne doivent pas servir à renflouer la banque privée de PSA alors que le groupe s’apprête à fermer des usines et à licencier des milliers de salariés. La levée du secret bancaire est aujourd’hui une exigence démocratique élémentaire. Le rapport d’activité de  juillet 2012 écrivait : « Banque PSA Finance maintient des réserves suffisantes de capital et de liquidités ». Preuve est faite que c’était un mensonge grossier.Pendant ce temps-là, famille Peugeot et actionnaires se portent bien. Ce qui était prévisible depuis déjà plusieurs mois se précipite : la famille Peugeot se désengage de l’automobile à un rythme qui s’accélère à mesure que leur système craque. Contre les suppressions d’emplois, les fermetures d’usines et maintenant la faillite possible de leur banque, la question de l’expropriation de la fortune de la famille Peugeot est posée.Jean-Claude Bernard