En ce mois de juillet, le gouvernement n’a pas chômé contre nos acquis sociaux et nos libertés. Prolongation jusqu’en 2017 et durcissement de l’état d’urgence, mais aussi adoption de la loi travail via le 49.3. La rentrée doit être chaude !
La prolongation de six mois de l’état d’urgence votée par l’Assemblée nationale le 21 juillet dernier, a été l’occasion d’une surenchère démagogique et sécuritaire de la part du gouvernement et des éluEs Républicains.
En guerre ?
Pourtant quelques heures avant l’attentat de Nice, Hollande avait annoncé la fin de l’état d’urgence, expliquant « On ne peut pas prolonger l’état d’urgence éternellement. Cela n’aurait aucun sens. Cela voudrait dire que nous ne serions plus une République avec un droit qui pourrait s’appliquer en toutes circonstances... ».
Mais dans les heures qui ont suivi le massacre, Hollande et Valls, sous pression de la droite et de l’extrême droite, se sont vite repliés sur leur vocabulaire martial et ont martelé que « la guerre sera longue », que « cette guerre contre le terrorisme et l’obscurantisme (…), nous la gagnerons ». Comme toujours, la droite en rajoute et ses éluEs se sont lâchés. C’est le cas de Christian Jacob : « Cette guerre est une guerre à mort qui nécessite de prendre des mesures radicales et non de baisser la garde » ou d’Éric Ciotti affirmant qu’« il n’y a pas de mesure d’exception quand il s’agit de défendre notre pays et nos enfants » et qu’« il faut qu’on sorte du cadre juridique qui nous empêche de nous défendre ».
C’est dans ce contexte que le gouvernement a aussi immédiatement annoncé l’intensification des bombardements en Syrie et en Irak, ce qui n’empêchera aucun nouvel attentat, bien au contraire... Dans le même ordre d’idées, le gouvernement veut mobiliser les réservistes de la police et de la gendarmerie, Cazeneuve n’hésitant pas à reprendre les termes de la droite et de l’extrême droite en invitant « tous les Français patriotes qui le souhaitent » à les rejoindre, remettant ainsi au cœur des débats une idée phare du FN avec la création d’une « garde nationale ».
L’état d’exception permanent
C’est dans ce contexte qu’a été prorogé l’état d’urgence, aggravé par des dispositions toujours plus arbitraires. En effet, le texte voté prévoit la reprise des perquisitions administratives, réintroduit les saisies administratives de données informatiques, et permet la retenue des enfants pendant quatre heures sur le lieu d’une perquisition.
Il introduit également des mesures relevant davantage de la lutte antiterroriste. Le projet de loi valide, par exemple, la vidéosurveillance 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 dans les cellules de prison des personnes poursuivies pour terrorisme. Il rend automatique l’expulsion soit définitive, soit pour dix ans, d’un étranger condamné pour terrorisme. Les personnes condamnées pour ce motif seront notamment exclues du régime de la semi-liberté. Certaines peines de prison ont été renforcées. La durée de détention provisoire pour les mineurs mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste a été allongée.
Le port d’arme pour les policiers municipaux est facilité. Le régime encadrant les écoutes administratives est assoupli. Les services de renseignement pourront surveiller en temps réel, sur les réseaux des opérateurs, les personnes en lien avec des individus présentant une menace, et non plus seulement ces derniers…
Ces mesures, aussi démagogiques que sécuritaires, n’empêcheront en rien les attentats. Elles ne servent qu’à concurrencer la droite et le FN sur leur propre terrain. En se posant en véritable chef de guerre, Hollande, à quelques mois de la présidentielle, espère regagner un peu de popularité. Il y a pourtant peu de chances que cela arrive tant il est discrédité.
Nous n’avons pas dit notre dernier mot !
La veille de la prorogation de l’état d’urgence, le gouvernement a fait définitivement adopter la loi travail. En l’absence de majorité pour faire voter le texte à l’Assemblée nationale, Valls a une nouvelle fois utilisé le 49.3 et annonce des décrets d’application rapides pour mettre en œuvre une réforme qui continue d’être majoritairement rejetée, selon un récent sondage.
Mais les passages en force, la répression du mouvement social, les interdictions de manifestations, la campagne antisyndicale, en particulier contre la CGT, ne seront pas oubliés de sitôt. Après quatre mois de mobilisation, l’intersyndicale qui appelle à une nouvelle journée de grève et de manifestation le jeudi 15 septembre prochain reste en phase avec l’opinion puisque 55 % des Français sont même favorable à une poursuite de la mobilisation à la rentrée.
Car les salariéEs ne sont pas dupes. Ils savent que cette loi ne créera pas d’emplois mais sera l’occasion pour le patronat d’essayer d’augmenter le temps de travail, de baisser les salaires, et de flexibiliser et de précariser toujours plus. La loi travail est peut-être adoptée, mais l’exécutif n’a pas gagné. Nous n’avons pas dit notre dernier mot. Vivement la rentrée !
Sandra Demarcq