Pour conserver les retraites par répartition sans augmenter la durée de cotisations, des solutions existent. Le grand débat sur la réforme des retraites est donc lancé. Quel contraste dans l’attitude des adversaires ! Le gouvernement, de Darcos à Sarkozy en passant par Fillon, pilonne la ligne rouge des 60 ans avec la volonté d’augmenter le nombre de trimestres nécessaire à l’obtention de la retraite pleine et entière. Leurs solutions auraient des conséquences claires : abaissement des pensions, aggravation des inégalités entre hommes et femmes, entre ceux qui pourront prendre des complémentaires via les compagnies d’assurance et ceux qui n’en auront pas les moyens, notamment parmi les jeunes. En face, Hollande prend la relève d’Aubry : « Oui, il va falloir allonger la durée de cotisation en fonction de ce qu’on sait de l’espérance de vie. L’espérance de vie s’allonge, il faut allonger la durée de cotisation ». Quant aux organisations syndicales CGT-CFDT-CGC-Solidaires-UNSA, elles déclaraient le 8 février : « elles exprimeront leur volonté que toutes les conditions soient créées pour un vrai débat. Nous sommes bien face à un choix de société. C’est notamment la question des solidarités intergénérationnelles qui est posée... n’accepteront pas une mascarade de concertation... ne se laisseront enfermer ni dans un calendrier ni dans un débat qui ne prendraient pas en compte l’ensemble des questions, notamment le niveau des pensions, l’emploi, le financement, la pénibilité. » Croient-elles vraiment que c’est en discutant longuement et démocratiquement avec le Medef et ses porte-parole au gouvernement, qu’on empêchera les profonds reculs ? Le mot « répartition », base du système actuel, n’est même pas prononcé ! Pourquoi ne pas affirmer nos revendications incontournables : retrait de toutes les réformes depuis 1993, âge de départ à 60 ans, 37,5 annuités de cotisations, taux de remplacement au moins égal aux 75 % du meilleur salaire net et au Smic ? Quant aux moyens, contre la religion des profits, une seule exigence : déplacer le rapport profit/salaires des 10 % perdus en 20 ans vers les salaires. Augmentation de salaires et des cotisations patronales, suppression du chômage, régularisation des sans-papiers (pour lesquels les patrons ne payent évidemment pas de cotisations), voilà qui fournira l’essentiel. Les confédérations préparent une journée de mobilisation le 23 mars. Devant le rouleau compresseur du patronat et du gouvernement, cela ne suffira pas. Nous devons prendre en charge la contre-offensive contre les idées reçues et mettre en place dès maintenant un front unitaire dans les entreprises, dans les quartiers, afin de construire le rapport de forces qui seul peut empêcher un nouveau recul, dramatique, de société. Robert Pelletier
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