Le mardi 14 décembre, à la Commission nationale de la négociation collective (CNNC), à laquelle participent le patronat et les syndicats, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a confirmé qu’il n’y aurait pas de coup de pouce au Smic. Celui-ci ne devrait augmenter, le 1er janvier 2011, que de 1,6 % environ, soit pour le Smic horaire brut de... 14 centimes d’euros. Ce qui n’empêche pas le gouvernement de déclarer sans rire que le pouvoir d’achat augmente, comme si cette misérable augmentation pouvait compenser la hausse – pour ne prendre que les plus récentes – des impôts locaux, de l’électricité, des assurances, et celle sans répit des loyers. Bertrand devait également annoncer, à cette même réunion, que les sanctions qui devaient frapper les patrons des entreprises appartenant à des branches où le salaire plancher est inférieur au Smic, seraient reportées de deux ans, en 2013. Ces sanctions étaient pour le moins légères puisqu’il ne s’agissait que de calculer les exonérations de cotisations sociales dites « Fillon » – accordées pour tous les salaires jusqu’à 1,6 fois le Smic – non plus sur le montant de celui-ci mais sur le salaire minimum de la branche. Mais c’est encore beaucoup trop pour les patrons, elles seront repoussées sous couvert que le nombre de branches où le salaire plancher est inférieur au Smic a diminué, passant de 34 en 2007 à 15 fin 2009. Tous les prétextes sont bons pour ne pas priver le patronat ne serait-ce que d’une infime partie des cadeaux de l’État. En Irlande, le gouvernement a ni plus ni moins annoncé une baisse du salaire minimum et il en est de même, dans plusieurs pays d’Europe, du salaire des fonctionnaires. En France, le gouvernement donne un signal clair au patronat pour l’encourager à bloquer les salaires, en attendant peut-être de les baisser à plus long terme, en refusant un coup de pouce au Smic pour la cinquième année consécutive et en gelant pour 2010 les salaires de la fonction publique. Et pour que les choses soient encore plus claires, le nouveau ministre de l’Industrie, l’ancien transfuge du PS, Éric Besson, promu en même temps à la direction de l’UMP, fait du zèle. Il a donné le coup d’envoi à une concertation sur « le différentiel de coût du travail dans l’industrie entre la France et l’Allemagne », avec l’objectif, bien entendu, de prouver que les salariés français seraient trop payés et que cela nuit à « la compétitivité » de « notre » industrie. Les grosses sociétés du CAC40, comme Renault qui devrait annoncer 3,3 milliards d’euros de bénéfices pour 2010, croulent sous les profits mais leurs actionnaires veulent encore diminuer le coût du travail. Licenciements et chômage partiel ne leur suffisent pas. C’est au salaire lui-même qu’ils veulent s’attaquer. Voilà ce qu’il en est de leur « compétitivité », essentielle pour accroître leur part des richesses produites par le travail collectif, au détriment de toute la population. Alors oui, plus que jamais, il est essentiel d’affirmer la légitimité de nos revendications : 300 euros d’augmentation pour toutes et tous, pas un salaire inférieur à 1 500 euros net !Galia Trépère
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