Publié le Mercredi 25 novembre 2020 à 11h55.

Contre l’agrobusiness, pour une agriculture libérée de la mainmise du capital

Avec le vote au Parlement européen de la nouvelle PAC (Politique agricole commune), la rupture annoncée avec l’agriculture productiviste n’a pas eu lieu. Les quelques amendements encourageant des pratiques plus vertueuses pour l’environnement et la santé sont plus du greenwashing qu’un changement radical de modèle agricole.

Pas question de remettre en cause les intérêts des plus gros producteurs, ni des multinationales de l’agrobusiness ! 20 % des agriculteurEs continueront de capter 80 % des aides de la PAC qui représente un tiers du budget de l’UE, dont 9 milliards par an pour la France.

La surproduction, c’est la ruine

Depuis des décennies, le monde paysan a été transformé, éclaté par la mondialisation entre des agriculteurs productivistes sous-traitants des multinationales, des ouvrierEs agricoles de plus en plus précarisés et une multitude de petitEs producteurEs essayant de survivre face à une logique économique qui les broie. La majorité des paysanEs ne sont plus que des maillons des « chaînes de valorisation » des multinationales de l’agrobusiness.

Dans la région bordelaise, la viticulture est un exemple de l’impasse de cette agriculture productiviste. Selon Dominique Techer, vigneron et porte-parole de la Confédération paysanne de la Gironde : « Les bordeaux génériques sont allés au bout du processus d’industrialisation mis en place dès 2003 par l’interprofession et le négoce. On a industrialisé et massifié l’offre. […] Résultat : avant vendange 2020, au moins 20 mois de stock, […] 5 millions d’hectolitres produits pour seulement 3,7 millions vendus... »1 Cette surproduction récurrente de vin conduit de nombreux petitEs producteurEs à la ruine et à l’arrachage des vignes de certaines parcelles… alors que les propriétés des plus grands crus restent l’objet de toutes les spéculations.

Crise récurrente de l’agriculture productiviste

Cette viticulture productiviste repose sur l’exploitation d’ouvrierEs agricoles mal traités et sous-payés et pollue l’environnement. La « crise des pesticides » secoue le Médoc depuis plusieurs années. Les pesticides empoisonnent les travailleurEs agricoles, les habitantEs et jusqu’aux écoles obligeant même, en juin dernier, le Conseil départemental à abandonner la reconstruction d’un collège près des vignes du Château Clément-Pichon sous la pression des parents d’élèves dénonçant les risques pour la santé des collégienEs. Et le CIVB (Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux) a eu le cynisme de porter plainte pour « dénigrement collectif » contre une militante anti-pesticide, qui a publié en septembre dernier les résultats d’analyse de vins labellisés Haute valeur environnementale (HVE) qui contenaient des résidus de pesticides. Les labels des pinardiers n’engagent que ceux qui y croient !

La crise récurrente de l’agriculture productiviste révèle son incapacité à garantir un revenu décent à tous les paysanEs comme à fournir un environnement et une alimentation saine à l’ensemble de la population. Ce n’est que libéréEs du parasitisme de l’agrobusiness, en rupture avec la logique capitaliste, que les paysanEs pourront décider, en lien avec l’ensemble de la population, de la meilleure façon de satisfaire les besoins alimentaires de touTEs, tout en leur garantissant un revenu digne et en respectant l’environnement et la santé de touTEs.