« Toutes les manifestations à caractère revendicatif ou protestataire sont interdites. Les manifestations sportives, récréatives ou culturelles se sont pas visées par l’interdiction »...
Parmi tant d’autres, cet arrêté aux relents pétainistes pris par le préfet du Rhône, dévoile crûment les objectifs réels du pouvoir dans la mise en place de l’état d’urgence : museler toute contestation, et mettre au pas le mouvement social. Prenant en otage la forte et légitime émotion populaire exprimée après les massacres commis à Paris par Daesh, Hollande et sa clique nous somment d’intégrer de gré ou de force une mythique union nationale, à renfort de Marseillaise et de drapeaux tricolores.
Dans sa croisade contre le terrorisme, le gouvernement est prêt à tout. Ainsi Cazeneuve déclarait jeudi 26 novembre qu’il envisageait même de « déroger à certains droits garantis par la convention européenne des droits de l’homme ». Lapsus révélateur, ou désir inavoué ? Le lendemain, pendant 24 heures, le site du ministère de l’Intérieur vendredi ne parlait plus d’« état d’urgence »... mais d’« état de siège » ! De quoi embarrasser le F-Haine qui se voit doublé sur sa droite dans la surenchère sécuritaire.Et en quelques jours, plus de 2 000 perquisitions ont été effectuées par les différents services de police sous prétexte de rechercher des personnes liées de près ou de loin aux auteurs des attentats. Excepté l’assaut de Saint-Denis du mercredi 18 novembre, aucune n’a permis l’arrestation d’un seul membre de Daesh. Par contre, ce sont des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants d’origine maghrébine, croyants ou pas, victimes de l’arbitraire le plus total, qui ont été stigmatisés, dénoncés, insultés, assignés à résidence, et livrés à la vindicte des racistes. Du jamais vu depuis la guerre d’Algérie !
En finir avec l’état d’urgence, défendre nos libertés
Dans le collimateur du gouvernement depuis des mois, le mouvement écologiste radical est lui aussi victime de la répression d’État. Bien avant la tragédie du 13 novembre, le gouvernement avait décidé de mettre sous haute surveillance la tenue de la COP21 et entendait limiter les manifestations prévues à cette occasion. Les perquisitions et assignations à résidence n’ont pourtant pas suffi à dissuader le week-end dernier des milliers de personnes un peu partout en France de braver l’interdiction de manifester, parfois par de simples chaînes humaines, souvent par des manifestations de rue.À Paris, dimanche dernier, il y eut les deux. Des milliers de manifestants écologistes, politiques, syndicalistes, groupes de jeunes indignés, se sont emparés de la place de la République pour dire non à l’état d’urgence, résistant le plus souvent pacifiquement, parfois avec humour, au grotesque déploiement policier. Bilan : 341 interpellations, 317 gardes à vue, dont 9 ont été prolongées... Et les calomnies policières reprises par certains médias, pourtant démenties par les nombreux reportages d’amateurs, ne pourront altérer le sentiment de liberté et l’immense jubilation de celles et ceux qui ont osé braver l’interdiction...En multipliant les gardes à vue et les assignations arbitraires, l’État comptait nous faire taire : c’est raté ! Nous entendons tenir toutes les manifestations et rassemblements qu’exige notre urgence, l’urgence sociale, dans l’unité la plus large possible. C’est ce que défendent les militantEs du NPA dans les réunions unitaires, notamment pour préparer activement la manifestation du 19 décembre en solidarité avec les migrantEs.
Alain Pojolat