Publié le Lundi 16 mars 2020 à 16h36.

Les gens sont-ils #irresponsables (et égoïstes) ?

Le hashtag #irresponsables pour parler de la population française se ruant dans les bars, dans les parcs ou sur les marchés a beaucoup fait les choux gras de la presse. On a parlé de manque de « civisme » ou de solidarité, alors serions-nous irresponsables et égoïstes ?

Pour répondre à cette question : il faut prendre en compte de nombreux facteurs qui déterminent les comportements des gens.

Ce gouvernement est irresponsable

L’attitude du gouvernement est la première à devoir être taxée d’irresponsable. En premier lieu, parce qu’en  réduisant de façon drastique les moyens humains et matériels de l’hôpital public, il nous a mis dans une situation d’impréparation totale à ce type d’épidémie.

Face à l’épidémie, le discours et les mesures ont été toutes contradictoires les unes avec les autres, retardant le confinement au maximum, en maintenant les élections. Mais en n'assurant pas l'approvisionnement  de matériel suffisant  à la protection de  l’ensemble de la population, et en particulier pour les populations des villes (dont les transports en commun), pour les salariéEs d’entreprises, il fait croire que le danger ne serait pas si grave. C’est vrai, si tu dois aller travailler, pourquoi ne pourrais-tu pas aller au parc avec les enfants ? Si tu dois continuer à prendre les transports en commun pourquoi, ne pas aller boire un verre en terrasse ? Si on t’envoie voter pourquoi ne pas aller faire ses courses au (super)marché ?

Ce gouvernement en refusant de contraindre les entreprises à arrêter la production, en refusant de donner du matériel de protection, en changeant d’avis (sur les consignes) a  laissé ouverte la porte à la mise en danger de l’ensemble de la population en France.

Ce gouvernement est illégitime

Le gouvernement fait face à l’illégitimité de sa politique. Il n’est plus entendu (et à raison). Le coronavirus ne fait pas oublier le passage en force de la réforme des retraites, la répression massive des Gilets Jaunes. Personne n’oublie les violences de la police, ni le 49-3. Et ce que propose à nouveau le gouvernement c’est l’unité fantôme de la Nation. Personne n’est donc vraiment dupe. De plus, comme à son habitude, le gouvernement emploie des mesures coercitives pour forcer la population à appliquer ces mesures mais sans assurer aucun moyen aucune protection. Alors qu’il s’apprête à confiner tout le pays et à mettre l’Île-de-France sous lock-out, nous affirmons que la distance sociale est une mesure sanitaire que nous devons adopter, face au virus et donc s’auto-confiner. Mais c’est à la population de s’auto-organiser, c’est aux salariéEs de décider. Des moyens de protection pour touTEs, vite !

Nous ne sommes pas à égalité face au confinement

Certaines peuvent se confiner en famille, avec leurs proches, pour d’autre la situation est plus compliquée : l’isolement total rend le confinement particulièrement difficile. Pour d’autres, c’est la famille qui est une source d’angoisse, ou de danger : l'essentiel de la transmission se produit à l'intérieur des familles. Sans oublier la violence conjugale, familiale,  l’homophobie des parents parfois.

Nous n’avons pas tous les mêmes moyens ni les mêmes logements. Vivre pendant 45 jours dans un appartement de 9m2, à douze dans un deux pièces, dans un appartement insalubre, avec des problèmes de chauffage ou d’électricité c’est tout simplement invivable. Sans parler des sans-logis et de toutEs celles et ceux qui vivent dans la grande précarité y compris en matière de logement. Nous n’avons pas accès de la même manière à la culture, à internet, au téléphone, aux livres.

Pour tout cela aussi, il faut des mesures d’urgence et des mesures de solidarité : réquisition de tous les logements vides, relogement, maintien de tous les salaires, ... Il faut assurer collectivement l'approvisionnement alimentaire et des besoins élémentaires. S'informer de l'état de santé de ses voisinEs.  Il est possible de se passer des livres, des films (en se désinfectant les mains auparavant) de partager ses codes wifi avec les voisins, ...

Le capitalisme nous enseigne l’individualisme, construisons une solidarité de classe !

Ne nous leurrons pas, c’est ce système qui construit notre individualisme, qui nous fait croire que c’est mieux en écrasant les autres. Depuis les années 80 ce sont tous les éléments de solidarité et de collectif qui se sont fait dézinguer par le pouvoir et par les capitalistes. Rien d’étonnant à ce que ce soit ces réflexes qui viennent en premier dans cette crise. Et pourtant, plus que jamais cette crise doit nous prouver que c’est le collectif qui nous en sortira, que cette société marche sur la tête. Construisons une solidarité de classe : nos vies pas leurs profits !