Publié le Vendredi 1 mai 2009 à 12h06.

Sri Lanka : faire stopper le massacre !

L'assaut militaire du gouvernement sri lankais contre la population tamoule tue des milliers de civils. Il faut exiger un cessez-le-feu et une négociation pour l'autodétermination du peuple tamoul. 

Depuis mi-janvier, le gouvernement sri lankais de Mahinda Rajapaksa a lancé une offensive militaire sans précédent, dans le nord de l'île, entraînant une tragédie humanitaire avec près de 6500 morts et plus de 12000 blessées depuis le début de l'année, pour la plupart civils. 100 000 civils tamouls sont aujourd'hui piégés entre l'armée sri lankaise et les Tigres tamouls du LTTE, sur une bande de terre d'une dizaine de kilomètres carrés. Bien que les Tigres tamouls soient en passe d'être complètement défaits, le premier ministre refuse tout cessez-le-feu car, influencé par les courants cingalais chauvins et l'extrême droite bouddhiste, il a décidé d'une guerre totale pour en finir avec l'insurrection armée conduite par les LTTE depuis 1983. Les continuels bombardements tuent de nombreux civils, avec des pilonnages dans la zone de refuge, sur les hôpitaux et les écoles. Les ONG et les journalistes ont été priés de plier bagages pour ne laisser aucun témoin.

De nombreux témoignages laissent penser que les Tigres tamouls, de leur côté, empêchent les civils de fuir les zones de combats et les utilisent comme boucliers humains pour faire pression sur le gouvernement afin d'obtenir un cessez-le-feu.

Le gouvernement va remporter une victoire militaire dans un bain de sang. Mais cette victoire militaire ne permettra pas de résoudre un conflit politique vieux de plusieurs décennies. Depuis 1948, date de l'indépendance, les minorités du Sri Lanka sont systématiquement discriminées linguistiquement, culturellement et économiquement. Des décennies de luttes pacifiques et parlementaires des Tamouls pour l'autonomie des régions du nord et de l'est n'ont eu d'autres réponses que la répression policière et les violences organisées. En réaction, cela a conduit, dans les années 1970, à une radicalisation et à l'apparition d'un mouvement séparatiste. Sa principale composante, les Tigres tamouls du LTTE, a eu une confiance aveugle dans leur capacité à vaincre militairement l'État sri lankais. Leur stratégie, basée sur la terreur, les attentats suicides et les assassinats politiques a conduit à l'impasse d'aujourd'hui.

N'accordant aucune place aux revendications tamoules, le gouvernement de Rajapaksa réduit la guerre à une lutte contre le terrorisme. Aucune paix durable ne sera possible sans l'ouverture de négociations politiques avec la reconnaissance du droit à l'autodétermination du peuple tamoul. L'autonomie doit être accordée aux régions à majorité non cingalaise, seule garantie de paix et de démocratie dans un état multiracial et multiculturel.

Dans l'immédiat, tout doit être fait pour obliger le gouvernement sri lankais à accepter un cessez-le-feu immédiat et permettre la présence des organisations internationales pour organiser la protection, l'évacuation et l'aide aux civils piégés dans la zone de combat.