Publié le Mercredi 3 mars 2010 à 18h33.

Un tchat avec Eric Schatz dans Sud Ouest

REGIONALES. Eric Schatz, tête de liste NPA dans les Pyrénées-Atlantiques a répondu aux questions des internautes de Sud Ouest

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gege64 : Le dernier sondage donne 2% des intentions de vote au NPA en Aquitaine. Qu’en pensez-vous ? Merci. Eric Schatz: D'abord les sondages ne font pas l'élection. Ensuite, il va falloir convaincre en particulier les jeunes et les quartiers populaires d'aller voter tout simplement. 73% des jeunes n'auraient pas l'intention de voter et c'est là que réside essentiellement notre éléctorat. Nous sommes dans un contexte de rapport défavorable dans le domaine des luttes sociales et cela ne joue pas en notre faveur.miko : Bonjour. Une fois de plus, la gauche part divisée à ces élections. Qui est responsable de cette division, on n’y comprend plus rien. C’est bien dommage. Eric Schatz: Nous avons eu le souci de proposer une candidature unitaire. Nous avons été jusqu'au dernier jour pour nous donner cette chance là. Le parti communiste a tout fait pour faire en sorte que cette union n'ait pas lieu. Il s'agissait pour eux de donner des gages de compatibilité au parti socialiste dans leur perspective d'alliance au second tour et de cogestion des régions. Et nous avons pris nos responsabilités pour proposer un programme en rupture avec le social-libéralisme. Georges : Est-ce que le NPA n'en a pas marre à passer son temps temps à taper sur le P.S plutôt que sur la droite sarkozyste ? Zegarf : Au second tour appellerez-vous à voter pour Alain Rousset, afin que la gauche batte l’UMP en Aquitaine ? Merci pour votre réponse Eric Schatz: Nous sommes les premiers à dénoncer la politique libérale de Sarkozy et à se mobiliser contre les atteintes aux libertés et au droit du travail. Nous le manifestions régulièrement dans nos prises de position publiques et dans la rue. La politique libérale est aussi appliquée par la gauche institutionnelle. Il s'agit pour nous de dénoncer des choix politiques qui sont opérés par la gauche comme par la droite. Eric Schatz: En Aquitaine, le parti socialiste assure le service après-vente des politiques libérales de droite. Nous le dénonçons aussi. Au second tour, en fonction des résultats les militants se prononceront. Mais notre premier ennemi évidemment, c'est la droite. Yoyo : La fois précédente vous étiez avec LO. Là vous dites que c'est le PC qui a bloqué mais lui par uni alors que le NPA est vraiment tout seul. Pourquoi ne pas admettre que le NPA a fait une erreur de stratégie ? Celà vous grandirait. Eric Schatz: Cette fois-ci, LO a refusé tout accord. Renseignez-vous: il ne s'agit pas d'un front à gauche, mais d'une simple alliance opportuniste entre le parti communiste et une partie du parti de gauche. Beaucoup de militants du parti de gauche ne feront pas campagne à ces régionales. Nous avons vraiment joué le jeu de l'union, sans non plus reculer sur notre programme en rupture avec les orientations sociales libérales d'Alain Rousset. Nadine (Orthez) : En quoi votre programme est différent de celui du PS et du Front de Gauche concernant les lycées et la formation professionnelle qui relèvent des compétences du Conseil régional. Eric Schatz: Nous partons d'un principe: les fonds publics à l'école publique. En 2008, la région a investi 9 millions d'euros dans les lycées privés, allant au delà des fonds obligatoires. Les centres de formation des apprentis gérés par des associations patronales ont été abondamment financées par des fonds publics régionaux. Alain Rousset a pour projet de financer un deuxième CFA à Bayonne pour 13 millions d'euros. Nous condamnons ces aides et nous voulons réaffecter ces fonds publics aux lycées professionnels publics. Eric Schatz: Rousset se vante d'avoir augmenté le nombre d'apprentis de 20%. Il souhaite maintenant que les lycées et les collectivités territoriales en embauchent. Nous pensons que l'apprentissage ne doit pas être une voie de formation à développer en priorité. Les jeunes ont besoin d'une formation initiale solide. Et cela passe par l'enseignement public. Sam : Quelle est votre position sur le pôle universitaire bordelais qui se met en place ? Adoptez-vous la position du président de l'UPPA (et du Front de Gauche) pour une Université d'Aquitaine ou vous opposez vous tout simplement au principe des grands pôles universitaires comme l'ont fait les étudiants lors des derniers mouvements à la fac de Pau ? Eric Schatz: Nous trouvons paradoxal de courir après un projet que nous avons dénoncé avec nombre de professeurs, d'étudiants et de syndicalistes. Maintenant les jeux sont faits. Il convient de faire en sorte que l'UPPA ne devienne pas un "college" à l'américaine, c'est à dire que l'université n'assure que les trois premières années de formation. Le problème c'est qu'au lieu de résister à la loi Pécresse, Rousset a accompagné avec ferveur la mise en place de ces pôles. Tant qu'on ne reviendra pas sur la réforme, nous serons piégés. Et aucune solution ne sera complètement satisfaisante. Denis : Le PCF a lancé une pétition pour réclamer la maîtrise d'ouvrage publique des futurs locaux de l'EISTI (Ecole d'ingénieurs en sciences et techniques de l'information, NDLR). Avez-vous signé leur pétition ? Eric Schatz: Non, et comme beaucoup d'enseignants. je ne suis donc pas le seul à ne pas l'avoir signée. C'était une manœuvre de communication du PCF après qu'ils aient voté la cession gratuite d'un terrain municipal en faveur de cette école privée. D'autre part, ce que propose le PC reviendrait encore à faire un cadeau à cette école qui nous a coûtés déjà assez cher. Yoyo : Je vous lis bien : l'apprentissage ne serait pas une formation initiale solide ! Vous ne pensez pas qu'au contraire il s'agirait de ne pas dévaloriser les filières professionnelles ? N'a t'on besoin que de prof d'anglais ? Moi en ce moment c'est un plombier que je cherche... Eric Schatz: Le problème de l'apprentissage, c'est qu'il est avant tout un service aux entreprises avant d'être un service aux jeunes. Malheureusement, beaucoup d'entreprises embauchent des apprentis pour les avantages fiscaux que cela procure et les formations sont souvent insuffisantes. Nous voulons au contraire développer l'enseignement professionnel au sein des lycées professionnels et donner des bagages adéquats aux jeunes afin qu'ils puissent assurer leur promotion sociale et répondre aussi aux besoins des entreprises. Les lycées professionnels publics forment de très bons plombiers. pharaon : vous avez dit  dans Sud Ouest que vous étiez partisan de la mixité sociale, que proposez-vous comme méthode pour y parvenir et comment l'avez-vous réalisé vous-même ? Eric Schatz:  J'étais élu de l'opposition municipale paloise. Labarrère n'a jamais tenu compte de mes propositions de répartir les logements sociaux dans tous les quartiers de Pau. Nous pensons que la région doit investir en priorité dans le logement social et arrêter les destructions de HLM avec les politiques de l'Agence nationale de rénovation urbaine. Tom : N'est-ce pas être en dehors des réalités que de réclamer une augmentation générale des salaires, la gratuité des transports, l'interdiction des licenciements dans un contexte de crise économique et de mondialisation où la France devra se faire remarquer en réalisant des économies sur les salaires et en aidant financièrement les entreprises pour les empêcher de délocaliser ? Eric Schatz: C'est l'UMP ou le Medef qui s'exprime? 190 milliards d'euros sont passés en 20 ans des poches des salariés vers celles des actionnaires. Exonérations fiscales, bouclier fiscal, cadeaux aux banques et aux entreprises... Ces mesures dont vous parlez ne représentent qu'une restitution partielle de ce que le capital a confisqué au monde du travail. Tout est à nous, rien est à eux. Tom : Que reprochez vous à la gestion d'Alain Rousset en Aquitaine ? Eric Schatz: En plus de l'école, j'ai déjà répondu là dessus, en juin 2009 Rousset à fait un cadeau de 34 millions d'euros aux entreprises. Il prétendait que le secteur bancaire avait été affecté par la crise. Ces propos ont été démentis par les profits des banques révélés ces derniers jours. Nous voulons mettre un terme à toutes ces subventions accordées à fonds perdus aux grosses entreprises. Les aides que nous accepterions seraient versées aux PME dans des cas de relocalisation de l'économie dans le domaine de l'économie solidaire. Les comptes des entreprises doivent être transparents. Louis : Vous êtes la seule liste à vous prononcer contre la LGV avec les écolos. Pourquoi ne pas avoir tenté d'alliance ? Nanon (Bayonne) : Qu'elle est votre position sur la LGV ? Eric Schatz: Nous avons des points avec les écologistes dans le domaine de l'environnement: opposition à tout tracé autoroutier et à la LGV. Cependant, Europe écologie ne dénonce pas l'économie de marché. Nous pensons que l'écologie n'est pas soluble dans le capitalisme. Nous avons aussi beaucoup de divergences sur les questions sociales, y compris sur l'éducation. Eric Schatz: Concernant la LGV, nous pensons que le coût écologique, social et financier, ne répond pas à des besoins sociaux. Ce projet est un projet de l'Europe libérale, dans lequel la gauche se lance tête baissée. Il induit une concentration des activités au sein de mégapoles au détriment d'un aménagement harmonieux du territoire et d'une nécessaire relocalisation de l'économie. Nous proposons au contraire d'améliorer et d'optimiser les voies ferrées existantes. Nous proposons aussi la gratuite des TER. Et l'électrification de toutes les lignes. Jean d’Ustaritz : De nombreux usagers des TER sont en colère contre les incidents techniques et les retards accumulés. Que proposez-vous pour changer la situation Eric Schatz: Il faut investir dans les lignes actuelles et desservir toutes les gares afin que les plans de déplacements répondent aux besoins sociaux des usagers. On ne pourra pas investir dans la rénovation des lignes TER et dans la LGV à la fois. Notre choix est clair. Eric Schatz: Par ailleurs, nous défendons la réouverture des lignes supprimées, dont la Pau-Canfranc. Eric Schatz: Le transport de marchandises par le train fait l'objet actuellement d'attaques: filialisations en vue d'une privatisation. La suppression du service "wagons isolés" précipitera des milliers de camions sur les routes. Nous pensons au contraire qu'il faut développer le fret ferroviaire et maritime. Marcel de Pau : Pour un libre penseur, comment avez-vous apprécié la candidature d'une femme voilée sur une liste du NPA ? Eric Schatz : Cette décision qui n'engage que le comité NPA du Vaucluse a suscité de nombreux débats au sein du NPA. La question sera tranchée lors du prochain congrès. Personnellement, ce choix va contre mes principes. Maintenant, cette polémique lancée par la droite et relayée servilement par la gauche y compris par le PC et Mélenchon s'est déroulée dans un climat nauséabond qui a connu son paroxysme avec des attaques contre deux candidats qui, comme par hasard, étaient tous les deux de couleur. Nous n'avons pas de leçons de laïcité à recevoir de la part de ceux qui votent des subventions aux établissements confessionnels qui par ailleurs ont déjà des élues qui portent le voile. Sud Ouest : Merci à tous pour vos questions. Le tchat est désormais terminé. Prochain rendez-vous en direct avec Jacques Mahourat, tête de liste de l'Alliance des écologistes indépendants, lundi prochain à 14 heures. Eric Schatz: Merci à tous. Le vote NPA est le vote utile et indépendant. RV au meeting mercredi 10 mars à 20h30 au complexe à Pau salle 501 avec notre tête de liste régionale.