Édouard Renard est mort le 13 novembre 2023 à Saint-Brieuc. Pendant plusieurs décennies il a été un militant de premier plan de la Ligue communiste puis de la LCR (Ligue communiste révolutionnaire) et, bien au delà, un acteur majeur du mouvement ouvrier à Saint-Brieuc.
Lors de la grève du Joint français à Saint-Brieuc, en 1972, qui voit les ouvrières et les ouvriers du Joint affronter un patron de combat et, après une grève historique, remporter la victoire, il se fait connaître par sa place centrale dans la construction du soutien, qui prend une ampleur nationale. Et bien sûr, il figure en bonne place sur la photo emblématique de la lutte, juste entre le CRS et l’ouvrier qui l’empoigne !
Du Joint français aux luttes anticoloniales et féministes
Mais Édouard n’est pas l’homme d’une seule image, d’une seule lutte : les travailleuses et les travailleurs le trouvent à leurs côtés lors des grèves qui suivent à Big Dutchman à Saint-Carreuc, aux Kaolins de Bretagne à Plémet, au magasin Mammouth, ainsi que les jeunes lors des grandes grèves lycéennes de 1973.
Aux côtés du MLAC, pour les droits des femmes à disposer de leur corps, aux côtés des Basques espagnols antifranquistes, des combattantEs polonaisEs de Solidarnosc, du peuple kanak, son engagement contre le colonialisme, contre l’impérialisme, contre le stalinisme ne s’est jamais démenti.
Pendant toutes ces années, il poursuit son activité de passeur en politique, formant des générations de militantEs, avec ardeur et toujours beaucoup d’humour. Sans relâche, il va aux portes des entreprises de la métallurgie briochine, y distribuant la Taupe rouge, compagne de toutes leurs mobilisations.
En défense des travailleurEs immigrés et des chômeurEs
Édouard Renard, un constructeur des luttes pour les plus excluEs, est aussi de ceux qui comprennent, très tôt, que la classe ouvrière dépasse les murs de l’usine : toute sa vie durant, il se bat en défense des travailleurEs immigrés, au sein des collectifs contre le racisme. Dès la naissance d’AC ! (Agir ensemble contre le chômage) à Saint-Brieuc et dans la région, il consacre énormément de temps et d’énergie à construire le mouvement, à tenir des permanences, à accueillir les privéEs d’emploi, à occuper avec elleux des lieux publics, telle la maison du peuple !
Édouard a rompu avec la LCR, après 2005, considérant alors qu’elle tournait le dos à l’unité qui, selon lui, aurait pu perdurer après la victoire du non au référendum sur le TCE. Nous eûmes alors peu de contacts, jusqu’au passage de Philippe Poutou au musée de Saint-Brieuc, en février 2023, pour l’expo consacrée à la grève du Joint français. Invité à se joindre à la visite, Édouard fit alors preuve de sa malice et de son sens politique, inaltérables, prenant le commentaire à son compte, répétant à l’envi, « vous comprenez, c’est politique » !
Les militantEs du NPA de Saint-Brieuc, Quimper et Rennes, qui ont milité avec lui à la LCR, tenaient à lui rendre cet hommage et assurent ses proches de leur soutien et de leur solidarité.
Ses camarades du NPA de Saint-Brieuc, Rennes et Quimper