Entretien avec Penelope Duggan, membre de la direction du NPA et militante dans le 20e arrondissement.
Peux-tu nous présenter rapidement la candidature ?
Dans le 20e arrondissement de Paris on ne présente plus Danielle Simonnet. Élue depuis 2001, elle est toujours très impliquée dans les luttes des quartiers populaires de l’arrondissement. Dès 2001, en tant que maire adjointe, elle a lancé le premier « conseil de la citoyenneté des habitantEs non communautaires » paritaire. Elle a participé à la forte campagne unitaire dans l’arrondissement pour le « non » au référendum de 2005 sur la Constitution européenne. En 2006, elle était à l’initiative des premiers parrainages des jeunes lycéens sans papiers. Le collectif unitaire pour la réouverture du centre IVG de Tenon lancé en 2009 a toujours bénéficié de son soutien actif et visible, comme toutes les luttes des salariéE s et des usagerEs des services publics (poste, transport), des salariéEs du privé.
Élue en 2001 et 2008 sur la liste PS, elle le quitte avec Jean-Luc Mélenchon pour fonder le Parti de gauche en 2009 et joue un rôle important dans le Front de gauche, La France insoumise, l’Union populaire depuis.
Comment se déroule la campagne ?
Cette campagne de terrain s’organise par des assemblées générales et des groupes d’actions, et de façon très active en faisant des diffusions de tracts devant les écoles le matin, sur les marchés et les métros, et notamment par les porte-à-porte dans les cités en fin d’après-midi. Les meetings plutôt que d’être dans les salles prennent la forme d’apéritifs festifs en plein air sur les différentes places de la circonscription. À chaque meeting, des acteurs et actrices des luttes locales sont invités à prendre la parole pour démontrer que ces luttes relèvent de la politique nationale, parce qu’en fin de compte ce sont les lois adoptées par l’Assemblée nationale qui vont tout réglementer.
Cette volonté d’aller vers les gens émane du souci de mobiliser les électeurs de la présidentielle – Mélenchon a fait un score de 45 % et était en tête dans tous les bureaux de vote au premier tour de la présidentielle 2022 – mais aussi les abstentionnistes. On n’oublie pas celles et ceux qui peuvent se considérer comme non-concernées par la campagne parce qu’ils et elles n’ont pas le droit de vote. La campagne prend position pour le droit de vote des résidentEs étrangers et a lancé un appel de celles et ceux qui n’ont pas le droit de vote à voter pour Danielle.
Quels sont les enjeux locaux de cette campagne ?
Le 20e est un arrondissement « à gauche » avec une tradition de mobilisations unitaires, notamment autour des questions du racisme, de solidarité avec les sans-papiers, mais aussi défense de ses services publics comme l’hôpital Tenon. Cette campagne électorale mobilisant les forces de gauche, dont le NPA, doit servir à renforcer cette disponibilité de se mobiliser de façon unitaire et collective pour faire face aux attaques d’un gouvernement Macron bis ou, dans le cas d’une Assemblée à majorité de gauche, les blocages du système contre la mise en application du programme NUPES.
Donc la priorité est de gagner face au candidat de Macron, mais également face à la candidate du PS, qui a rompu l’accord ici et présente une candidate qui n’est pas une militante de terrain investie dans les luttes et avec la perspective de mener ces batailles.
Avec quelles forces et collectifs travaillez-vous ?
La campagne rassemble les forces de l’accord NUPES (FI, Générations, POI, EÉLV, PCF) sauf le PS. Le NPA est présent en tant que tel avec son logo sur le matériel de la campagne. La campagne mobilise aussi bien des militantEs expérimentés des différentes luttes locales que beaucoup de jeunes, et pas jeunes, qui ont été attirés par la campagne Mélenchon.
Quelque chose à ajouter ?
Les médias évidemment adorent parler de « Comment la gauche parisienne se déchire dans le 20e arrondissement » (le Journal du dimanche, 14 mai). Et, depuis le 3 juin, ils ont trouvé un autre sujet : « Législatives : deux candidates LFI critiquées pour s’afficher avec Jeremy Corbyn » (Huffington Post, 4 juin) en ressortant la calomnie que Jeremy Corbyn est antisémite, accusation déjà portée contre Danielle Simonnet elle-même pour son opposition à l’inauguration d’une Place de Jérusalem dans Paris, et le rejet de sa proposition d’inscrire sur la plaque « Jérusalem capitale de deux États », et invitation du seul maire de Jérusalem-Ouest. Le collectif de campagne reste fier d’avoir eu Jeremy Corbyn comme invité surprise à son récent apéritif populaire pour apporter une solidarité internationale.