Entretien avec Mathilde Millat, suppléante de Raphaël Arnault.
Peux-tu nous présenter rapidement la candidature ?
Notre candidature est assez atypique ! Les accords de la gauche ayant tiré vers la droite en faisant alliance avec le PS et le pôle écologiste, nous nous retrouvons dans certaines circonscriptions avec des libéraux sous l’étiquette « NUPES ». C’est le cas dans la 2e circonscription du Rhône où le candidat sortant a été investi alors qu’il a été élu sous la bannière LREM il y a cinq ans, et a voté 65 % des lois de la majorité parlementaire macroniste.
Cette situation était intolérable pour les militantEs de terrain, que ce soit les militantEs de LFI, du PCF et même certains écolos. C’est pourquoi on a décidé collectivement de présenter Raphaël Arnault, ex porte-parole de la Jeune Garde. Comme c’est une campagne qui ne s’inscrit pas dans des accords nationaux, mais une campagne unitaire par en bas, nous avons dû tout faire par nous-mêmes et par les discussions collectives.
Comment se déroule la campagne ?
Il n’y a pas de mots assez forts pour décrire l’énergie de cette campagne, forte de plus de 100 militantEs de terrain. On arrive à discuter avec énormément d’habitantEs et on est très soutenus aussi bien sur le terrain que par des personnalités et des éluEs locaux.
Nous avons réussi à mettre en place très vite une organisation démocratique de prise de décision et de travail en commission pour être le plus efficace possible tout en prenant en compte les envies et les idées de chacunE.
Cela a par exemple été le cas pour décider de la ligne programmatique qui sera défendue tout au long de la campagne. Même si le socle des mesures est celui de l’Avenir en commun, nous avons pu faire pencher des mesures importantes plus à gauche, comme la régularisation de touTEs les sans-papiers, ou encore la retraite à 55 ans pour les métiers les plus pénibles, ou alors mettre en avant des mesures qui ne l’étaient pas, comme le changement d’état civil pour les personnes trans sur simple demande.
Quels sont les enjeux locaux de cette campagne ?
La 2e circonscription du Rhône (quartier de la Croix-Rousse, de la presqu’île et la Duchère) est riche d’engagement associatifs, militants et locaux. De nombreuses luttes locales ont été des marqueurs forts de l’identité du territoire : le rond-point de Croix-Rousse pendant les Gilets jaunes, les collectifs de soutien aux mineurEs isolés avec l’occupation du collège Maurice-Scève, la lutte contre la gentrification, la bataille contre la fermeture du dernier guichet SNCF, la lutte contre les attaques de l’extrême droite très présente dans la ville… Pendant la campagne nous essayons de mettre en mouvement toutes ces luttes, en faisant des liens entre elles et en portant leur voix.
Avec quelles forces et collectifs travaillez-vous ?
Nous travaillons avec les militantEs de La France insoumise de la circonscription, des militantEs du PCF, d’Ensemble !, du NPA, d’EÉLV, de la Jeune Garde et d’autres associations écologistes et collectifs militants implantés sur le territoire.
Quelque chose à ajouter ?
À travers cette candidature, nous voulons porter plusieurs choses. Tout d’abord, la mise en pratique, par la base, des accords de la gauche que nous aurions aimé avoir : celle d’une gauche de rupture avec les politiques libérales, racistes et antisociales des dernières années. Nous voulons également porter une manière de faire de la politique, celle du bas vers le haut, avec toutes les forces militantes présentes, et par des personnes qui ne sont pas des professionnelEs de la politique mais bien des travailleurEs et des militantEs de terrain.